Alex Mashinsky, fondateur et ancien PDG de la plateforme de prêts crypto en faillite Celsius, s'en est violemment pris à la demande de condamnation de 20 ans formulée par le gouvernement américain. Il qualifie cette requête de « peine de mort en prison » et la juge « empreinte de venin ».

Le Département de la Justice (DOJ) des États-Unis souhaite que Mashinsky soit condamné à au moins 20 ans de réclusion lors de l’audience prévue le 8 mai. Il l’accuse d’avoir trompé les utilisateurs de Celsius et d’avoir tiré profit de la manipulation du prix du token CEL (CEL). Âgé de 59 ans, Mashinsky aurait alors 79 ans à sa sortie s’il purge l’intégralité de la peine.

Les avocats de Mashinsky ont déposé un mémoire de réponse le 5 mai devant un tribunal fédéral de New York. Ils y demandent une peine n’excédant pas 366 jours, soulignant que le DOJ ne tient pas compte du fait que leur client est un primo-délinquant non violent avec un parcours professionnel irréprochable sur 30 ans.

« Le réquisitoire du gouvernement est empreint de venin. Il transforme cette affaire en un récit où un prédateur aurait ciblé des victimes pour leur nuire et leur voler leur argent », écrivent-ils.

« Il en résulte une recommandation absurde : qu’un primo-délinquant non violent, qui a plaidé coupable et reconnu ses torts, reçoive une peine équivalente à une mort en prison. »

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Les avocats de Mashinsky soutiennent que le DOJ n'a pas tenu compte des antécédents de leur client dans sa demande de condamnation. Source: Court Listener

Mashinsky n’a plaidé coupable que de deux chefs d’accusation sur sept

Dans le cadre d’un accord de plaidoyer, Alex Mashinsky a reconnu en décembre 2024 sa culpabilité pour fraude sur les matières premières et manipulation du cours du CEL. Il aurait ainsi empoché 48 millions de dollars en vendant ses tokens avant l’effondrement de Celsius en juin 2022. Initialement, les procureurs avaient retenu sept chefs d’inculpation en juillet 2023.

La défense estime que la lourdeur de la peine demandée par le DOJ s’explique par le refus de Mashinsky de « se plier aux exagérations du gouvernement », notamment à l’idée selon laquelle il aurait été « un escroc depuis le début ».

Les avocats dénoncent également le fait qu’Alex Mashinsky soit désigné comme le bouc émissaire de toutes les décisions collectives, des fluctuations du marché et des rumeurs internes au sein de l’entreprise.

Dans sa requête déposée le 28 avril, le DOJ affirme que les actes de Mashinsky étaient des choix délibérés et calculés pour mentir, tromper et voler.

Quelques jours plus tôt, le 23 avril, des centaines de victimes du scandale Celsius avaient soumis des déclarations officielles décrivant leurs pertes. Beaucoup affirmaient avoir investi leurs économies en toute confiance, convaincus par les promesses de Mashinsky sur la sécurité du protocole.

Pour rappel, Celsius a déposé le bilan sous le chapitre 11 le 13 juillet 2022, après avoir suspendu les retraits en juin en invoquant des conditions de marché trop volatiles. L’entreprise devait alors 4,7 milliards de dollars à ses créanciers.

En novembre 2023, un tribunal des faillites américain a validé le plan de restructuration de Celsius pour rembourser ses clients. En août 2024, un total de 2,53 milliards de dollars avait été versé à 251 000 créanciers.

Roni Cohen-Pavon, ex-directeur des revenus de Celsius, a lui aussi plaidé coupable à des accusations similaires en septembre 2023. Sa condamnation, initialement prévue pour le 11 décembre, a été reportée après le verdict dans le dossier Mashinsky.