La blockchain, bien que disruptive, ne transforme pas instantanément le secteur agricole en un eldorado technologique. Son adoption reste progressive, et les pratiques traditionnelles ne cèdent pas si facilement du terrain. Mais, c’est bien dans cette lente évolution que réside l’intérêt du nouveau programme de certification lancé par CattleProof, basé sur la blockchain. Désormais, aux États-Unis, les vaches disposent d’une traçabilité numérique renforcée qui pourrait bousculer les codes de l’industrie.

Blockchain et transparence : Une révolution pour l'agriculture

CattleProof, une entreprise du Wyoming, a réussi là où d'autres n'avaient pas encore osé poser le sabot. Avec l'approbation du Département de l'Agriculture des États-Unis (USDA), CattleProof devient la première société à intégrer la blockchain dans le cadre d'un programme de certification Process Verified Program (PVP). Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement pour les agriculteurs et les consommateurs ?

La technologie utilisée par CattleProof repose sur un registre numérique décentralisé qui enregistre de façon immuable les informations relatives aux bovins. À l'aide d'étiquettes électroniques et de mises à jour sur l’état de santé, l’emplacement, et d’autres caractéristiques, chaque vache se voit attribuer une identité numérique unique. 

En termes de transparence, cela marque une avancée majeure : fini les documents égarés ou les feuilles de calcul frauduleuses. Comme le dit Rob Jennings, PDG de CattleProof : 

« Par le biais de la blockchain, toutes les transactions et étapes de la vie d’un animal sont enregistrées de manière permanente, créant ainsi une traçabilité sans faille. »

  • Transparence accrue : les données sont accessibles à tout moment ;
  • Réduction du risque de fraude grâce à l'immuabilité des informations ;
  • Renforcement de la sécurité alimentaire par la vérification de l'origine.

Ce nouveau système permet aux petits producteurs de se lancer plus facilement dans les certifications USDA, souvent jugées complexes et coûteuses. 

Désormais, les éleveurs pourront faire des allégations telles que « né aux États-Unis » ou « nourri à l'herbe », et accéder à des marchés plus premium. Bref, les bêtes deviennent des « NFTs » ambulants.

CattleProof a annoncé son approbation du PVV de l'USDA . Source : CattleProof LinkedIn

Les États-Unis : À la traîne ou pionniers de l’innovation ?

Malgré cette percée, certains se demandent si les États-Unis ne seraient pas en retard dans l’adoption de la blockchain dans l’agriculture. Comparativement à d’autres secteurs, comme les biotechs,  le monde de l’élevage a pris son temps pour digitaliser ses pratiques. 

Longtemps cantonnée à des outils papiers ou des feuilles Excel, l’industrie est passée à côté de la modernisation à grande échelle. Pourtant, avec des initiatives comme CattleProof, un vent de changement souffle sur les ranchs américains.

Les bénéfices de la blockchain dans ce domaine ne sont pas que théoriques. Elle permet de renforcer la confiance des consommateurs en garantissant l'authenticité des produits. Ainsi, les allégations de qualité ou d'origine ne sont plus de simples slogans marketing. Pour les agriculteurs, cela signifie une meilleure gestion de leur cheptel et des opportunités d'accès à de nouveaux marchés. 

Un partenariat avec 406 Bovine permet même d’utiliser la reconnaissance faciale des vaches comme identification secondaire, une première mondiale. Comme le souligne Jennings : « L’intelligence artificielle pourrait un jour remplacer les étiquettes, ce qui simplifierait encore le processus. »

Certains soulignent également l'intérêt d'un tel système pour répondre aux exigences croissantes des consommateurs en matière d’éthique et de durabilité. Les États-Unis pourraient ainsi non seulement rattraper leur retard, mais aussi devenir des leaders en matière de traçabilité alimentaire, d’autant plus que le gouvernement envisage déjà d’intégrer la blockchain pour tracer les produits biologiques. 

L'exemple de CattleProof démontre que même les pays moins avancés, comme ceux d'Afrique de l'Est, ne se privent pas d’adopter la blockchain pour vendre leurs produits agricoles à l’échelle mondiale. Les États-Unis, en retard ou non, sont-ils prêts à s'imposer comme les pionniers de cette révolution numérique ?