Des semaines et des mois avant l'effondrement de l'exchange crypto FTX, l'ancien PDG Sam Bankman-Fried « paniquait » à propos d'Alameda, achetait des actions de Snapchat, levait des capitaux auprès de la royauté saoudienne et incitait les régulateurs à sévir contre l'exchange crypto rival Binance.

C'est ce qui ressort des notes personnelles de Caroline Ellison, ancienne directrice générale d'Alameda Research, sur FTX et Alameda, que les procureurs ont présentées le deuxième jour de son témoignage à New York.

Au cours du procès, Caroline Ellison a déclaré aux jurés qu'un effondrement de l'écosystème Terra en mai 2022 était suffisamment important pour que Bankman-Fried envisage de fermer Alameda et de chercher à lever un milliard de dollars de capitaux auprès du prince saoudien, connu pour ses investissements dans les jeux de blockchain par l'intermédiaire du fonds souverain de l'Arabie saoudite.

Une autre priorité de Bankman-Fried il y a un an était « d'amener les régulateurs à sévèrement réprimer » l'exchange de cryptomonnaies Binance, une mesure destinée à accroître la part de marché de FTX, selon Ellison. Elle n'a pas donné de détails sur la manière dont Bankman-Fried prévoyait d'y parvenir.

Encore un sketch de Caroline Ellison dans la salle d'audience. Celui-ci met en scène SBF lui-même ! https://t.co/q3O6xqxEhl pic.twitter.com/cQJbj5V1H7
- Ariel Givner, Esq. (@GivnerAriel) 11 octobre 2023

Bankman-Fried cherchait également à obtenir davantage de fonds auprès du prêteur de cryptomonnaies BlockFi, qui avait déjà prêté plus de 660 millions de dollars à Alameda, a-t-elle déclaré. Parmi ses autres préoccupations majeures, on trouve le trading d'obligations émises par le gouvernement japonais, l'achat d'actions Snap Inc. (SNAP) et le fait que Willie soit heureux.

Bien que la liste ne précise pas qui était "Willie", ce nom était peut-être une référence au mentor de Bankman-Fried, William MacAskill.

Selon Ellison, Bankman-Fried l'a rendue responsable des difficultés d'Alameda et de ses mauvaises opérations de couverture. Au cours du procès, Mme Ellison a admis qu'une meilleure stratégie de couverture aurait pu aider Alameda à faire face au marché baissier de la crypto, mais elle a fait remarquer que la société avait également contracté d'importants prêts à long terme et qu'elle avait dépensé des milliards de sa ligne de crédit avec FTX.

Les prêts à durée indéterminée n'ont pas de date d'échéance, ce qui signifie que l'emprunteur a une option de remboursement anticipé, tandis que le prêteur a une option d'achat. En juin, des prêteurs tels que Genesis Capital ont commencé à exercer leur option d'achat, obligeant Alameda à rembourser des millions de dollars. Sous la direction de Bankman-Fried, Ellison a remboursé une partie des dettes d'Alameda avec des fonds provenant des clients de FTX. En septembre 2022, le passif d'Alameda auprès de FTX s'élevait à 13,7 milliards de dollars, tandis que ses prêts à long terme s'élevaient à 1,3 milliard de dollars, a-t-elle déclaré.

En outre, et toujours à la demande de Bankman-Fried, Ellison a également créé des feuilles de calcul « alternatives » pour les prêteurs d'Alameda, dissimulant les dettes financières de l'entreprise avec FTX pour les faire « mieux paraître » et empêcher les prêteurs d'exiger le remboursement intégral.

Ellison a également révélé des moments de détresse émotionnelle. S'exprimant calmement et fermement au cours du procès, elle a fait part de son inquiétude quant à la possibilité que les clients retirent leurs fonds de FTX dans le cadre de la « crise de liquidité » d'Alameda.
« Chaque jour, je m'inquiétais de la possibilité que [les prêts] soient réclamés simultanément. »

Le contre-interrogatoire d'Ellison par la défense de Bankman-Fried débutera le 12 octobre.