Les experts considèrent l'effondrement de l'exchange FTX comme la fin des cryptomonnaies et du capitalisme de risque qui y est lié. Mais ce n'est pas le cas. Certains d'entre eux ont consacré Sam "SBF" Bankman-Fried « Roi de la Crypto », et ont ensuite sommairement tué le roi. Cependant, en réalité, la crypto n'a jamais eu de roi. La fin de FTX peut marquer la sortie des Américains utilisant des exchanges non réglementés, et c'est certainement la fin des tokens natifs des exchanges, mais la crypto elle-même n'a pas changé d'un iota.

En réalité, l'effondrement de FTX est le symptôme d'un problème plus profond, à savoir la mentalité de « profit à tout prix » de la finance traditionnelle. Malgré toutes les belles paroles adressées à FTX en tant qu'entité réglementée, en fin de compte, l'exchange est tombé dans la fraude motivée par le profit, comme tant d'autres de ses homologues traditionnels. La tache que FTX a laissée derrière lui n'a pas plus à voir avec la vraie crypto qu'Enron n'avait à voir avec le vrai pétrole dans le sol.

Cela nous amène à SBF et à ses racines dans la société de trading quantitatif Jane Street. SBF était un trader quantitatif qui a cherché à savoir pourquoi on utiliserait un exchange décentralisé, puis a répondu à sa propre question en gérant mal des milliards de dollars de fonds de clients.

Cependant, SBF n'a pas échoué à cause de ses antécédents. Warren Buffet, qui n'est pas un fan de crypto, a une citation souvent reprise qui s'applique ici : « On ne découvre qui nage nu que lorsque la marée descend ». Il s'avère que SBF était sans tronc dans cette eau turquoise des Bahamas. Il a soit mal calculé le risque qu'il prenait, soit l'a complètement ignoré, en surendettant FTT, le propre point de fidélité de son entreprise qui se fait passer pour une réserve de valeur de 4 milliards de dollars de capitalisation boursière, et a perdu gros sur ce pari.

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Il est temps que nous, en tant qu'industrie de la crypto, abandonnions la mentalité de la recherche de profits énormes, et que nous nous concentrions sur les fondamentaux qui ont amené tant d'entre nous dans ce monde. Les cryptomonnaies n'ont jamais eu pour objet le prochain memecoin ou la prochaine application x-to-earn, et absolument pas la création de vos propres tokens pour financer des pratiques commerciales risquées. Il s'agissait de l'auto-souveraineté financière et de la suppression des intermédiaires.

Il est temps de revenir à cette maxime.

La crypto n'est pas un jeu de gains exponentiels et de paris spéculatifs. Il s'agit de récupérer les 3 % de rente que le secteur des services financiers prélève quotidiennement sur les entreprises et les consommateurs du monde entier. La crypto est une question de programmabilité et d'exploration de ce que des milliers de développeurs intelligents font lorsque vous leur donnez une API honnête pour l'argent.

La promesse de la crypto n'est pas seulement le profit, c'est un système où l'accès aux services financiers n'est pas déterminé par la géographie, la race, le sexe ou la croyance. C'est un système exempt d'intermédiaires qui siphonnent les dollars de nos poches à tout moment, et où les acteurs cupides ne peuvent pas traiter nos économies comme leur bankroll à la table de roulette. En adoptant FTX, nous venons de trouver un nouveau joueur à soutenir.

Les hivers des cryptomonnaies sont toujours un tournant pour les actifs numériques. Alors que les hivers détruisent la valeur et déciment les vies, chaque hiver nous laisse également avec les innovations légitimes du dernier cycle haussier. Nous pouvons choisir de laisser la spéculation et le trading continuer à diriger notre industrie, ou nous pouvons travailler pour perturber les sociétés de cartes de crédit, détruire les prêteurs sur salaire et bancariser les personnes non bancarisées.

Nous pouvons continuer à être obsédés par la personnalité, ou les adultes dans la pièce peuvent enfin se lever.

Il est temps qu'en tant que secteur, nous mûrissions nos processus, nos systèmes, nos attentes en matière de rendement et nos objectifs. Il y a un secteur de mille milliards de dollars qui attend d'être créé, pour reconnecter le système financier mondial. L'infrastructure financière et les logiciels d'entreprise ne sont peut-être pas aussi excitants pour certains, mais ce sont les gains d'efficacité marginaux qui finiront par amener la cryptomonnaie dans tous les foyers du monde, un centime par transaction à la fois.

L'entrée récente de JPMorgan dans la DeFi est une lueur d'espoir notable dans tout ce nuage. JPMorgan n'a pas fait la course aux cryptomonnaies pour faire des paris sur des options à plusieurs niveaux. Ils ont beaucoup de moyens de gagner de l'argent grâce au trading. Non, leur première incursion s'est faite dans un pool de prêts on-chain, en utilisant un réseau à haut débit et à faible coût comme Polygon pour montrer comment, dans un avenir proche, vous n'aurez pas besoin de centres de données, d'ordinateurs centraux ou de lignes fixes pour effectuer des transactions financières sophistiquées, vous aurez juste besoin de la blockchain. Des entités publiques et réglementées comme J.P. Morgan prouvent que le système TradFi peut être mis à niveau de manière réfléchie, conforme et pouvant être auditée.

Il est temps que nous nous concentrions sur un avenir où des entreprises sophistiquées utilisant des logiciels et des processus sophistiqués suppriment les intermédiaires des transactions en ligne. Un avenir où les gens peuvent emprunter de l'argent au taux préférentiel +1% au lieu des taux prédateurs des banques. Un avenir où les gens sont payés à chaque seconde de la journée de travail via un smart contract, au lieu d'une fois toutes les deux semaines.

L'industrie est prête. Il existe des outils sophistiqués pour surveiller et comptabiliser vos actifs (au lieu d'utiliser des systèmes d'entreprise maison avec des portes dérobées). Il existe des opérateurs avant-gardistes capables de concevoir des modèles de flux de fonds et des pratiques d'audit conformes, pour garantir la sécurité des actifs numériques à mesure que les cas d'utilisation évoluent. Il existe de bonnes pratiques pour la gestion des portefeuilles et pour les dépositaires qui sont légalement tenus de protéger vos fonds, et de ne pas les prêter à d'autres pour des transactions désordonnées.

Le secteur est prêt à mûrir, et si nous voulons vraiment que d'autres personnes abandonnent le système actuel, qui ne fonctionne pas, et adoptent les actifs numériques, il est temps pour nous de mûrir avec lui.

Pat White est le PDG de Bitwave, une plateforme de back-office d'actifs numériques qui offre des services comptables, financiers et fiscaux. Auparavant, il a fondé et dirigé des sociétés telles que Synata, un moteur de recherche d'entreprise, et a travaillé comme architecte en chef chez Cisco. Il est titulaire d'un diplôme en génie informatique et en informatique de l'université de Californie du Sud.

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