Un acteur de la blockchain, encore peu médiatisé mais désormais incontournable, vient de démontrer l’ampleur des menaces qui planent sur les réseaux proof-of-work. Après avoir revendiqué une attaque 51 % sur Monero, le projet Qubic s’est tourné vers sa communauté pour désigner une nouvelle cible. Le verdict est tombé. Dogecoin (DOGE) serait le prochain terrain d’expérimentation. Une décision qui n’est pas sans conséquences, tant sur les marchés que sur la confiance des utilisateurs.
Qubic revendique une attaque réussie sur Monero et menace Dogecoin
Le 16 août, Qubic a publié les résultats d’un test de résistance qu’il aurait mené contre Monero. En atteignant plus de 51 % du hashrate du réseau, l’équipe affirme avoir réussi à réorganiser six blocs de la blockchain. L’opération, qualifiée d’attaque 51 %, permet théoriquement de valider des blocs de manière frauduleuse, ou de censurer certaines transactions.
À la suite de cet exploit technique, Sergey Ivancheglo – également connu sous le pseudonyme Come-from-Beyond et cofondateur historique d’IOTA – a proposé à la communauté de Qubic de voter pour désigner la prochaine cible d’une attaque similaire. Trois projets ont été soumis : Dogecoin, Kaspa et Zcash. Dogecoin a largement remporté ce vote, avec plus de 300 voix.
Cette annonce a immédiatement influencé le marché. Le cours du DOGE a chuté d’environ 4 %, un signe clair d’inquiétude parmi les investisseurs. Les analystes techniques notent une pression vendeuse accrue et pointent un seuil de soutien critique aux alentours de 0,21 dollar.
Du côté des experts, les avis divergent. Certains, comme Luke Parker de SeraiDEX, mettent en doute la véracité de l’attaque sur Monero, suggérant que la réorganisation de blocs aurait pu résulter d’une simple coïncidence de mineurs. D’autres, comme Zhong Chenming de SlowMist, estiment au contraire que les indices techniques démontrent une manipulation délibérée de la blockchain. Cette divergence alimente le flou sur la capacité réelle de Qubic à reproduire une attaque d’envergure sur un réseau aussi capitalisé que Dogecoin.
Dogecoin en alerte : Quelles failles pour les blockchains proof-of-work ?
Dogecoin, à l’instar de Bitcoin ou Litecoin, repose sur un mécanisme de consensus par preuve de travail (proof-of-work). Ce modèle exige une forte puissance de calcul pour valider les blocs, ce qui garantit a priori la sécurité du réseau. Mais l’événement initié par Qubic remet cette idée en question.
En désignant Dogecoin comme sa prochaine cible, Qubic veut démontrer qu’aucun réseau proof-of-work n’est à l’abri si la concentration de puissance de hachage est suffisante. Dans le cas de Monero, Qubic aurait utilisé cette domination temporaire pour réorganiser la chaîne, créant une nouvelle version de l’historique des transactions. Appliqué à Dogecoin, un tel scénario pourrait provoquer des perturbations graves, voire des doubles dépenses.
Le groupe Qubic affirme que ces attaques sont en réalité des tests destinés à évaluer la résilience des blockchains actuelles. Les gains éventuellement générés par la manipulation des blocs seraient réinvestis dans des mécanismes de rachat et de destruction (burn) des jetons QUBIC, leur propre cryptomonnaie.
Cette stratégie soulève un débat de fond sur les méthodes employées. D’un côté, certains y voient une initiative éthique visant à améliorer la sécurité globale des réseaux décentralisés. De l’autre, on redoute une instrumentalisation des failles du système à des fins d’influence, voire de manipulation de marché. L’absence de calendrier pour une éventuelle attaque sur Dogecoin laisse le réseau sous tension, d’autant plus que sa sécurité dépend largement du minage mutualisé avec Litecoin, qui pourrait aussi être concerné.
En exposant ainsi les vulnérabilités d’un réseau aussi emblématique que Dogecoin, Qubic pousse la communauté crypto à se questionner sur les fondements de la sécurité blockchain. La preuve de travail, longtemps considérée comme un rempart inébranlable, montre ses limites face à des stratégies coordonnées exploitant la concentration du hashrate.