La logique voudrait que des signaux macroéconomiques positifs renforcent les actifs d’avenir comme le bitcoin (BTC). Pourtant, après l’annonce d’un accord provisoire entre les États-Unis et la Chine visant à apaiser les tensions commerciales, la cryptomonnaie phare a trébuché, perdant son élan au moment même où les marchés actions s’envolaient. Pourquoi un contexte a priori favorable a-t-il suscité une réaction baissière ?

Trump, la Chine et le bitcoin à contre-courant

Le 12 mai, le bitcoin a atteint un sommet de trois mois à 105 720 $, avant de corriger brutalement vers 102 000 $, peu après l’annonce d’un accord commercial entre Washington et Pékin. Selon les déclarations du Secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, ce compromis pourrait « être prolongé si un dialogue constructif s’installe ». Cet apaisement partiel des tensions prévoit une réduction temporaire des tarifs douaniers, notamment sur l’acier, les semi-conducteurs et la question de la manipulation monétaire, selon Yahoo Finance.

En toute logique, cette avancée aurait dû bénéficier aux marchés risqués comme les cryptos. Pourtant, c’est l’inverse qui s’est produit. Cette réaction inattendue s’explique en partie par la forte corrélation actuelle entre le bitcoin et les marchés des actions, estimée à 83 %. Alors que le S&P 500 progressait de 7 % sur 30 jours, le bitcoin avait déjà engrangé plus de 24 % de hausse, le plaçant en avance sur le cycle haussier. L’annonce de l’accord semble avoir été le prétexte idéal pour des prises de bénéfices, d’autant plus que les investisseurs ont réorienté leurs portefeuilles vers des actifs plus traditionnels comme les actions, au détriment des valeurs refuges.

L’effet domino macroéconomique et le dilemme des gros porteurs

Au-delà du contexte politique, ce sont surtout les conditions macroéconomiques qui ont pesé sur le cours du bitcoin. Le même jour, l’or a chuté de 3,4 %, reflétant une baisse de la demande pour les actifs refuges. Le dollar américain, de son côté, atteignait un sommet mensuel, signalant un regain de confiance des marchés malgré une contraction du PIB américain de 0,3 % au premier trimestre. Pour les investisseurs, le risque perçu a diminué, rendant moins attractifs les actifs rares comme le bitcoin.

Autre élément de poids : la concentration croissante du bitcoin dans les mains de géants comme Strategy et BlackRock. Strategy a récemment acquis 13 390 BTC entre le 5 et le 11 mai, portant le total combiné des deux entités à 1,19 million de BTC, soit environ 6 % de l’offre en circulation. Certains observateurs, comme Peter Schiff, s’inquiètent de la fragilité d’un marché trop dépendant d’acheteurs institutionnels. Ils redoutent un scénario où Strategy, confronté à des pertes, serait contraint de vendre pour honorer ses dettes. Toutefois, l'entreprise a récemment doublé sa capacité de levée de fonds, rendant ce scénario peu probable à court terme.

En somme, le recul du bitcoin face à un contexte pourtant favorable en surface met en lumière une évolution structurelle des comportements d'investissement. Entre flux institutionnels rassurants et arbitrages macroéconomiques défavorables, le bitcoin évolue dans une zone d’incertitude où l’issue dépendra autant des prochains chiffres de l’inflation américaine que de la capacité des acteurs majeurs à rassurer sur leur solidité.