Dans un monde où les repères économiques traditionnels vacillent, le bitcoin (BTC) semble gagner en cohérence là où les marchés obligataires perdent leur boussole. Alors que les rendements obligataires américains et japonais s’envolent et que la crédibilité des dettes souveraines s’effrite, le bitcoin n’est plus simplement vu comme un actif spéculatif. Cette nouvelle dynamique bouscule les fondamentaux historiques du marché : les investisseurs fuient les obligations d’État, autrefois considérées comme le dernier bastion de sécurité. Que révèle cette évolution ?

Les marchés obligataires sous tension

Le 22 mai, le rendement des obligations américaines à 30 ans a atteint 5,15 %, un sommet inégalé depuis octobre 2023, et auparavant depuis juillet 2007. Le spread entre les obligations à 5 ans et à 30 ans s’est élargi à 1,00 % pour la première fois depuis octobre 2021, signe que les marchés anticipent une croissance durablement faible et une inflation persistante. La montée des taux renchérit brutalement le coût du service de la dette, alors que la Fed reste prudente sur l’abaissement des taux de peur de raviver l’inflation.

Le cas du Japon est tout aussi préoccupant. Le pays détient 1 130 milliards de dollars de dette américaine, plus que la Chine, mais la Banque du Japon a entamé un relèvement de ses taux, mettant fin à des décennies de carry trade. Depuis avril, les rendements à 30 ans ont bondi de 100 points de base, atteignant 3,1 %, du jamais vu. Plus frappant encore : les propos du Premier ministre Shigeru Ishiba, qui n’a pas hésité à comparer la situation de son pays à celle de la Grèce. La défiance s’installe. Et avec elle, la remise en question du statut de refuge des obligations souveraines.

Bitcoin : L’alternative institutionnelle prend forme

Alors que les obligations d’État perdent leur lustre, le bitcoin semble capter l’attention d’un nombre croissant d’institutionnels. Selon CoinGlass, les encours des ETF Bitcoin au comptant ont franchi la barre symbolique des 104 milliards de dollars, un record historique. Cette montée en puissance s’inscrit dans un contexte où 38 % des investisseurs institutionnels se déclaraient sous-exposés aux actions américaines début mai, selon Bank of America, un niveau inédit depuis mai 2023.

Cette mutation s’explique en partie par la défiance croissante envers les économies basées sur la dette. Le bitcoin, avec sa rareté algorithmique et son absence d’attache politique, devient une alternative crédible à l’or, tout en restant sous-évalué par rapport à celui-ci. L’érosion du cadre économique traditionnel semble donc ouvrir une nouvelle ère pour le bitcoin : celle d’un actif hybride, capable de séduire aussi bien les spéculateurs que les gestionnaires de long terme.

La montée des rendements obligataires et les tensions sur les dettes souveraines ouvrent un nouvel espace d’interprétation du risque pour les investisseurs. Dans ce paysage incertain, le bitcoin gagne en légitimité, non par défaut, mais par contraste. Son rôle dual, à la fois actif spéculatif et réserve de valeur, semble désormais accepté, voire recherché. Ce tournant pourrait marquer une inflexion durable dans la stratégie des grands investisseurs mondiaux, au-delà des cycles économiques.