L’administration Trump envisagerait sérieusement de gracier Changpeng “CZ” Zhao, le cofondateur de Binance, qui avait plaidé coupable pour des faits de blanchiment d’argent en 2024 et purgé quatre mois de prison.

Selon le chroniqueur du New York Post et correspondant de Fox, Charles Gasparino, des sources proches de Zhao affirment que les conseillers de Trump estiment que « l’affaire contre CZ était plutôt faible, et ne justifiait certainement pas une condamnation criminelle et une peine de prison ».

« Trump… penche pour une grâce (à prendre avec précaution, selon la source), ce qui pourrait ouvrir la voie au retour de CZ à la tête de la plateforme, puisqu’il en reste le principal actionnaire », a-t-il ajouté, citant des personnes proches de Zhao.

Source: Charles Gasparino

Sous la présidence Trump, la Maison-Blanche a adopté une attitude plus conciliante envers l’industrie crypto. Plusieurs enquêtes de longue date ont été abandonnées, des lois de régulation ont progressé, et trois fondateurs de BitMEX — dont Arthur Hayes — ainsi que Ross Ulbricht, fondateur de Silk Road, ont été graciés.

CZ semble ignorer tout accord potentiel

Zhao a répondu vendredi à Gasparino, sans toutefois confirmer qu’il était au courant d’une éventuelle grâce. En mai dernier, il avait indiqué lors du podcast Farokh Radio avoir officiellement déposé une demande de grâce, après avoir vu circuler des rumeurs médiatiques selon lesquelles il l’aurait déjà fait.

« Merci Charles. Excellente nouvelle si c’est vrai. Petite précision : il n’y avait aucune accusation de fraude. Je crois que le Département de la Justice de l’époque a cherché très activement, sans rien trouver. J’ai simplement plaidé coupable pour une seule violation du Bank Secrecy Act (BSA) », a-t-il déclaré.

Source: Changpeng “CZ” Zhao

« Je pense être la seule personne de l’histoire des États-Unis à avoir été condamnée à une peine de prison pour une seule violation du BSA, sans autre charge ni antécédent judiciaire. Merci pour la couverture médiatique », a-t-il ajouté dans un autre message

Binance et Zhao n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires.

Un responsable de la Maison-Blanche a indiqué à Cointelegraph :

« La Maison-Blanche ne commente ni l’existence ni la non-existence d’éventuelles grâces. Le président, et non des sources anonymes, est seul décisionnaire en la matière. »

Zhao avait plaidé coupable en novembre 2023 dans le cadre d’un accord conclu entre Binance et les autorités américaines. L’exchange avait alors accepté de payer une amende record de 4,3 milliards de dollars, tandis que Zhao écopait d’une amende personnelle de 50 millions de dollars.

Il avait dû quitter son poste de PDG, purger quatre mois de prison et se voir interdire toute activité au sein de Binance, conformément à l’accord judiciaire.

Les liens crypto de Trump pourraient compliquer la grâce

Gasparino affirme qu’une décision finale devrait tomber prochainement. Toutefois, certains membres de la Maison-Blanche s’inquiéteraient de « l’image d’une telle grâce », en raison des intérêts commerciaux de Trump dans le secteur crypto — ce qui rendrait la situation « encore très incertaine ».

Les liens du président et de sa famille avec l’univers des cryptomonnaies — via notamment son memecoin et son protocole DeFi World Liberty Financial — ont déjà soulevé des soupçons de conflits d’intérêts.

« Il faut garder à l’esprit que ce genre de procédure prend souvent plus de temps que prévu. Le président est actuellement concentré sur des dossiers plus urgents : la libération des otages israéliens, la fin du conflit à Gaza et en Ukraine, ainsi que les négociations commerciales avec la Chine », a ajouté Gasparino.

Une affaire perçue comme un contrecoup du scandale FTX

Toujours selon Gasparino, qui cite Eleanor Terrett — animatrice du podcast Crypto in America et ancienne journaliste de Fox Business —, plusieurs dirigeants crypto proches de la Maison-Blanche estiment que les poursuites contre CZ étaient une réaction excessive après l’effondrement de FTX.

Sam Bankman-Fried (SBF), ancien PDG de FTX — valorisée à 32 milliards de dollars avant sa faillite —, purge actuellement une peine de 25 ans de prison pour sept chefs d’accusation liés à la chute de FTX et d’Alameda Research en novembre 2022.

« Contrairement à SBF, CZ n’a jamais été accusé de fraude. Beaucoup d’acteurs du secteur considèrent que sa condamnation était avant tout un moyen pour les régulateurs, encore échaudés par le fiasco FTX, de donner un exemple à ceux qui opèrent dans ou autour du marché américain », a expliqué Terrett.