La tokenisation des actions n’apportera pas immédiatement des bénéfices majeurs au marché crypto. En revanche, ces bénéfices pourraient augmenter si ces actifs sont autorisés à mieux s’intégrer aux blockchains, selon NYDIG.
« Les avantages pour les réseaux qui hébergent ces actifs, comme Ethereum, sont faibles dans un premier temps. Ils augmentent toutefois à mesure que l’accès, l’interopérabilité et la composabilité progressent », a déclaré Greg Cipolaro, responsable mondial de la recherche chez NYDIG, dans une note publiée vendredi.
Dans un premier temps, les bénéfices se limiteront aux frais de transaction liés à l’utilisation de ces actifs tokenisés. La blockchain qui les héberge bénéficiera également d’« effets de réseau croissants » liés à leur conservation, ajoute Cipolaro.
La tokenisation des real-world assets (RWA), comme les actions américaines, est devenue un sujet central dans l’industrie crypto. Plusieurs grandes plateformes, dont Coinbase et Kraken, souhaitent lancer des services d’actions tokenisées aux États-Unis, après le succès rencontré sur les marchés internationaux.
Le président de la Securities and Exchange Commission (SEC), Paul Atkins, a déclaré plus tôt ce mois-ci que le système financier américain pourrait adopter la tokenisation d’ici « quelques années ». Une déclaration qui, selon Cipolaro, confirme que « la tokenisation devrait devenir une tendance majeure ».

« À terme, ces RWA pourraient s’intégrer à la DeFi grâce à la composabilité, que ce soit comme collatéral pour emprunter, comme actifs à prêter ou comme instruments de trading », explique Cipolaro. « Cela prendra du temps, le temps que la technologie mûrisse, que les infrastructures se développent et que les règles et réglementations évoluent ».
Des actifs tokenisés aux caractéristiques très variables
Cipolaro souligne que rendre les actifs tokenisés interopérables et composables n’est pas une tâche simple. Leur « forme et leur fonction varient considérablement », et ils peuvent être hébergés sur des réseaux publics ou privés.
Le Canton Network, une blockchain non publique développée par Digital Asset Holdings, constitue actuellement la plus grande infrastructure dédiée aux actifs tokenisés. Elle représente 380 milliards de dollars, soit « 91 % de la valeur totale représentée de l’ensemble des RWAs », précise Cipolaro.
Ethereum reste néanmoins, et de loin, la blockchain publique la plus utilisée pour les actifs tokenisés. Environ 12,1 milliards de dollars de RWA y sont actuellement déployés, ajoute-t-il.
« Mais même sur un réseau ouvert et permissionless comme Ethereum, la conception des actifs tokenisés peut varier fortement », explique Cipolaro. « Ces RWA sont souvent des securities, ce qui implique des broker-dealers, des exigences de KYC et d’accréditation des investisseurs, des wallets whitelistés, des agents de transfert et d’autres structures issues de la finance traditionnelle ».
Il souligne que, malgré la persistance de ces structures financières classiques, les entreprises utilisent la blockchain pour bénéficier d’avantages clés : règlement quasi instantané, opérations 24/7, propriété programmable, transparence, auditabilité et meilleure efficacité du collatéral.
« À l’avenir, si les systèmes deviennent plus ouverts et si les réglementations évoluent favorablement, comme le suggère le président Atkins, l’accès à ces actifs devrait se démocratiser. Ces RWA pourraient alors bénéficier d’une portée beaucoup plus large », conclut Cipolaro.
« Les investisseurs doivent y prêter attention », ajoute-t-il, « même si l’impact économique sur les cryptos traditionnelles reste aujourd’hui limité ».
