Selon Guillaume Poncin, directeur technique de la société de paiement Alchemy, les stablecoins ne parviendront pas à supplanter les géants des paiements comme Visa ou Mastercard tant qu’ils n’intégreront pas de solides mécanismes de protection pour les consommateurs.

Les sociétés de paiement traditionnelles proposent déjà des services que les utilisateurs considèrent comme acquis : remboursement en cas de litige, protection contre la fraude, résolution des transactions contestées et facilités de crédit. Pour attirer l’utilisateur lambda, les projets de stablecoins doivent intégrer ces mêmes fonctionnalités, a expliqué Poncin à Cointelegraph.

D’après lui, ces protections peuvent être directement intégrées dans les smart contracts. Par ailleurs, les émetteurs de stablecoins et les plateformes de paiement pourraient financer leurs propres fonds d’assurance pour indemniser les victimes de fraude. Poncin estime que les systèmes de paiement traditionnels et les stablecoins finiront par converger :

« Je m’attends à ce que chaque grand processeur de paiement intègre les stablecoins et que chaque banque émette le sien. L’avenir, c’est un système où les infrastructures traditionnelles sont renforcées par l’efficacité de la blockchain et de nouveaux cas d’usage. Pour les paiements transfrontaliers et les marchés émergents, les stablecoins l’emportent déjà.

Pour le commerce de détail domestique, nous verrons apparaître des modèles hybrides qui combinent règlement instantané et protections pour les consommateurs », a-t-il ajouté.

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Comparaison entre les stablecoins et les méthodes de paiement traditionnelles. Source: Cointelegraph

Les stablecoins offrent des règlements transfrontaliers permanents (24/7) à une fraction du coût des virements bancaires traditionnels. Cela les rend particulièrement adaptés aux transferts de fonds et au commerce international. Dans ces segments, ils bénéficient donc d’un net avantage concurrentiel sur les prestataires de cartes de paiement.

Le secteur bancaire s’interroge sur l’impact des stablecoins sur le système financier

Les dirigeants de l’industrie crypto, les banques commerciales et les analystes de marché débattent toujours des conséquences des stablecoins sur les institutions financières traditionnelles, notamment dans les paiements et la banque de détail.

Aux États-Unis, les banques et leurs alliés au Sénat ont résisté en mars à l’adoption d’une réglementation sur les stablecoins, lors des discussions autour du projet de loi Guiding and Establishing National Innovation for US Stablecoins (GENIUS).

Le point central de cette opposition concernait la possibilité pour les émetteurs de stablecoins de partager une partie des rendements générés par les titres du Trésor américain (qui garantissent leurs tokens) avec les clients. Cette option a finalement été interdite dans la version définitive du texte.

La sénatrice américaine Kirsten Gillibrand a affirmé que ce type de partage de rendement menacerait la survie du système bancaire traditionnel et, par ricochet, l’activité de crédit dont dépendent les ménages et les petites entreprises.

S’exprimant au DC Blockchain Summit en mars, elle a interpellé le public : « S’il n’y a plus aucune raison de déposer son argent dans une banque locale, qui vous accordera un prêt immobilier ? »

De son côté, Jamie Dimon, PDG de JPMorgan, a récemment indiqué qu’il ne craignait pas que les stablecoins remplacent les banques. Selon lui, chaque système dispose de sa propre clientèle et les deux continueront à coexister.

« Certains voudront détenir des dollars via un stablecoin en dehors des États-Unis – cela peut concerner des criminels, des personnes honnêtes ou encore des pays où il vaut mieux conserver des dollars sans passer par le système bancaire », a-t-il déclaré à CNBC.