Une importante association bancaire russe veut ériger en infraction pénale le fait de conserver ses propres clés de cryptomonnaies.

L’Association des banques de Russie, une organisation comprenant plus de 300 banques et institutions financières russes, a demandé aux législateurs de criminaliser le stockage de cryptomonnaies en dehors des exchanges centralisés sur des portefeuilles non hébergés, a rapporté lundi l’agence de presse locale Izvestia.

Contrairement aux comptes sur les exchanges de cryptomonnaies centralisées, les portefeuilles non hébergés permettent aux utilisateurs de stocker des cryptomonnaies sans dépendre d’une tierce partie capable de geler, bloquer ou saisir les actifs crypto de l’utilisateur. Cela permet essentiellement aux investisseurs d’« être leur propre banque » en obtenant le contrôle total de leur crypto et de la clé privée associée. 

Cependant, l’Association des banques de Russie n’est apparemment pas une grande adepte du fait de laisser les gens contrôler leur crypto. L’association a mis au point un cadre pour la saisie des cryptomonnaies stockées sur des portefeuilles non hébergés, en raison des « graves difficultés » rencontrées pour saisir les cryptomonnaies de ces portefeuilles auprès des débiteurs et des criminels, a déclaré le vice-président de l’association, Anatoly Kozlachkov.

Élaboré conjointement avec le ministère de l’Intérieur, le cadre vise à introduire une responsabilité pénale pour le fait de stocker des cryptomonnaies comme le bitcoin (BTC) sur des portefeuilles non hébergés. L’association a également proposé d’introduire une responsabilité pénale pour le refus de fournir des clés aux agences autorisées.

L’association aurait envoyé une lettre contenant le cadre proposé à plusieurs agences et régulateurs, dont la Banque de Russie et le Service fédéral de surveillance financière, à la mi-avril.

Les banquiers ont admis que leur la proposition est compromise par les difficultés techniques liées à l’accès forcé aux portefeuilles non hébergés en raison de l’anonymat des propriétaires et de la complexité technique de l’accès à ces fonds sans le consentement de leurs propriétaires. « Cela rend pratiquement impossible l’application de la saisie de ces actifs », note le rapport.

L’Association des banques de Russie est une importante association bancaire locale, fondée en 1990 et couvrant près de 90 % de l’infrastructure bancaire russe au début de 2022. Binance, le plus grand exchange de cryptomonnaies au monde, s’est officiellement impliqué dans l’association en février, Olga Goncharova, responsable des relations gouvernementales de Binance en Russie et dans la Communauté des États indépendants (CEI), prenant la tête du centre expert en cryptomonnaies de l’association.

L’association n’a pas immédiatement répondu à la demande de commentaire de Cointelegraph. La représentante de Binance en Russie et dans la CEI a refusé de commenter l’affaire.

À lire également : L’industrie des cryptomonnaies riposte au vote de l’UE visant à bloquer les portefeuilles « non hébergés »

Cette nouvelle intervient alors que les régulateurs mondiaux accordent une attention croissante aux portefeuilles non hébergés.

Fin mars, la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen a voté en faveur d’une mise à jour réglementaire qui pourrait potentiellement compromettre la capacité des exchanges à prendre en charge les portefeuilles de cryptomonnaies non hébergés. Les régulateurs canadiens auraient signalé les tweets de Brian Armstrong, PDG de Coinbase, et de Jesse Powel, PDG de Kraken, qui invitaient les utilisateurs à transférer leurs cryptomonnaies hors des exchanges vers des portefeuilles auto-hébergés, après le gel des actifs en cryptomonnaies des manifestants du COVID-19.