Le bitcoin (BTC) est une réponse à la récession mondiale de 2008. Il a introduit une nouvelle façon d’effectuer des transactions sans dépendre de la confiance de tiers, comme les banques, en particulier les banques en faillite qui ont néanmoins été renflouées par le gouvernement aux dépens du public.
« Il faut faire confiance à la banque centrale pour ne pas dévaloriser la monnaie, mais l’histoire des monnaies fiduciaires est pleine d’abus de cette confiance », écrivait Satoshi Nakamoto en 2009.
Le bloc de genèse du bitcoin résume cette intention avec le message intégré suivant :
3 janvier 2009 Le ministre des Finances sur le point de renflouer les banques.
Mais alors que le bitcoin continue de miner des blocs sans être inquiété et que ses propriétés similaires à celles de l’or ont attiré les investisseurs à la recherche d’un « or numérique », sa chute actuelle de 75 % par rapport aux 69 000 dollars atteints en novembre 2021 montre qu’il n’est pas à l’abri des forces économiques mondiales.
Simultanément, l’ensemble du marché des cryptomonnaies a perdu 2025 milliards de dollars au cours de la même période, ce qui laisse présager une destruction de la demande à grande échelle dans le secteur.
Le krach du bitcoin est apparu pendant la période de hausse de l’inflation et de la réponse interventionniste des banques centrales mondiales à celle-ci. La Réserve fédérale a notamment relevé ses taux de référence de 75 points de base (pb) le 15 juin pour juguler l’inflation qui a atteint 8,4 % en mai.
En outre, le krach a laissé la tendance du BTC encore plus en phase avec la performance du Nasdaq Composite, un indice boursier très technologique. L’indice boursier américain a chuté de plus de 30 % entre novembre 2021 et juin 2022.
D’autres hausses de taux à venir
Le président de la Fed, Jerome Powell, a indiqué dans son témoignage au Congrès que les hausses de taux continueraient à faire baisser l’inflation, tout en ajoutant que « le rythme de ces changements continuera à dépendre des données entrantes et de l’évolution des perspectives de l’économie ».
Cette déclaration fait suite à un sondage réalisé par Reuters auprès d’économistes qui s’accordent à dire que la Fed relèvera ses taux de référence de 75 points de base supplémentaires en juillet et qu’elle les augmentera ensuite de 0,5 % en septembre.
Cela ajoute un potentiel de baisse supplémentaire à un marché des cryptomonnaies déjà en déclin, a indiqué Informa Global Markets, une société fournissant des renseignements financiers basée à Londres, affirmant qu’il ne toucherait pas le fond tant que la Fed n’atténuerait pas son « approche agressive de la politique monétaire ».
Cependant, un revirement sur les politiques interventionnistes semble peu probable à court terme étant donné l’objectif d’inflation de 2 % de la banque centrale. Il est intéressant de noter que l’écart entre les taux des fonds de la Fed et l’indice des prix à la consommation (IPC) est désormais le plus important jamais enregistré.
Le bitcoin est en passe de connaître sa première récession potentielle
Selon une enquête menée par le Financial Times auprès de 49 personnes, près de 70 % des économistes estiment que l’économie américaine entrera en récession l’année prochaine en raison d’une Fed interventionniste.
Pour rappel, un pays entre en récession lorsque son économie est confrontée à un produit intérieur brut (PIB) négatif, associé à une hausse du chômage, à une baisse des ventes au détail et à une diminution de la production manufacturière pendant une période prolongée.
Plus spécifiquement, environ 38 % des personnes interrogées s’attendent à ce que la récession débute au cours du premier semestre de 2023, tandis que 30 % d’entre elles prévoient qu’elle se produira au cours du troisième et du quatrième trimestre. En outre, une enquête distincte menée par Bloomberg en mai montre une possibilité de récession de 30 % l’année prochaine.
M. Powell a également fait remarquer, lors de sa conférence de presse du 22 juin, que la récession est « certainement une possibilité » en raison des « événements de ces derniers mois dans le monde », c’est-à-dire la guerre entre l’Ukraine et la Russie qui a provoqué une crise alimentaire et pétrolière dans le monde entier.
Ces prédictions risquent de placer le bitcoin avant une crise économique de grande ampleur. Et le fait qu’il ne se soit pas comporté comme un actif refuge pendant la période de hausse de l’inflation accroît la probabilité qu’il continue à baisser en même temps que les indices de Wall Street, principalement les valeurs technologiques.
Parallèlement, l’effondrement de Terra, un projet de stablecoin algorithmique de 40 milliards de dollars, et les problèmes d’insolvabilité qu’il a entraînés chez Three Arrow Capital, le plus grand fonds spéculatif en cryptomonnaie, ont également anéanti la demande dans tout le secteur de la cryptomonnaie.
Par exemple, l’ether, la deuxième plus grande cryptomonnaie après le bitcoin, a chuté de plus de 80 % pour atteindre son plus bas niveau à 880 $ pendant le cycle baissier en cours.
De même, d’autres actifs numériques de premier plan, notamment Cardano (ADA), Solana (SOL), et Avalanche (AVAX), ont plongé de 85 % à plus de 90 % par rapport à leurs sommets de 2021.
« La maison crypto est en feu, et tout le monde se précipite vers la sortie parce qu’il n’y a plus aucune confiance dans cet espace », a déclaré Edward Moya, analyste principal des marchés chez OANDA, une société de courtage en ligne.
Les marchés baissiers du BTC ne sont pas nouveaux
Les prévisions baissières à venir pour le bitcoin envisagent que le prix passe en dessous de son niveau de soutien de 20 000 dollars, Leigh Drogen, associé général et directeur de l’information chez Starkiller Capital, un fonds de couverture quantitatif pour les actifs numériques, prévoit que le bitcoin atteindra 10 000 dollars, soit 85 % de moins que son niveau record.
Cependant, il y a peu de preuves de la disparition totale du bitcoin, surtout après la confrontation de la cryptomonnaie avec six marchés baissiers (sur la base de ses corrections de plus de 20 %) dans le passé, chacun conduisant à un rallye au-dessus du précédent record.
Nick, un analyste de la société de données Ecoinometrics, considère que le bitcoin se comporte comme un indice boursier, toujours au « milieu d’une courbe d’adoption ».
Le bitcoin est susceptible de chuter davantage dans un environnement de taux d’intérêt plus élevés — de la même manière que l’indice de référence américain S&P 500 a chuté à plusieurs reprises au cours des 100 dernières années, pour ensuite se redresser fortement.
Extraits :
« Entre 1929 et 2022, le S&P500 a été multiplié par 200. Cela représente quelque chose comme un taux de rendement annualisé de 6 % […] Certains de ces paris asymétriques sont évidents et plutôt sûrs, comme acheter du bitcoin maintenant ».
La plupart des altcoins vont disparaître
Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de tous les actifs du marché crypto. Beaucoup de ces cryptomonnaies dites alternatives, ou altcoins, sont arrivées à leur terme cette année. Certaines cryptomonnaies à faible capitalisation, en particulier, ont enregistré des baisses de prix de plus de 99 %.
Néanmoins, les projets ayant des taux d’adoption sains et des utilisateurs réels pourraient s’en sortir dans le sillage d’une éventuelle crise économique mondiale.
Le meilleur candidat à ce jour est Ethereum, la principale plateforme de smart contracts, qui domine l’écosystème blockchain de couche 1 avec plus de 46 milliards de dollars bloqués à travers ses applications DeFi.
Ethereum domine le secteur des smart contracts. Source : DeFi LlamaD’autres blockchains, notamment Binance Smart Chain (BSC), Solana, Cardano, et Avalanche, pourraient également attirer les utilisateurs en tant qu’alternatives, assurant ainsi la demande pour leurs tokens sous-jacents.
Pendant ce temps, les altcoins plus anciens, comme le Dogecoin (DOGE), ont également des chances de survie plus élevées, en particulier avec les spéculations sur une éventuelle intégration de Twitter dans les tuyaux.
Dans l’ensemble, un marché baissier dirigé par des facteurs macroéconomiques affectera probablement tous les actifs numériques dans les mois à venir.
Mais les cryptomonnaies dont la capitalisation boursière est plus faible, la liquidité dédaigneuse et la volatilité plus élevée risquent davantage de s’effondrer, a déclaré à Cointelegraph Alexander Tkachenko, fondateur et PDG de VNX, un trader du bitcoin. Il a ajouté :
« Si le bitcoin et les autres cryptomonnaies veulent retrouver leur pleine puissance, ils doivent devenir des alternatives autonomes aux monnaies fiduciaires, en particulier le dollar américain ».
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