Le projet de refonte du naira du président sortant Muhammadu Buhari ne se déroulera finalement plus comme prévu. En effet, la population locale pourra toujours se servir des anciens billets de nairas jusqu’à la fin de l’année 2023, comme l’a signifié récemment la Cour suprême du pays.

Une politique de refonte contraire à la Constitution nigériane

Il y a quelques mois, le président Muhammadu Buhari avait introduit un projet de refonte du naira sur demande de trois États du nord du pays (Kaduna, Kogi et Zamfara). Celui-ci consistait notamment à retirer les billets de 200, 500 et 1000 nairas de la circulation pour en introduire de nouveaux. Toutefois, cette directive vient d’être annulée par la Cour suprême du Nigeria.

En effet, la Cour de sept membres, présidée par le juge John Okoro, a déclaré à l’unanimité que cette directive du président Buhari était invalide. Elle a donc autorisé la circulation simultanée des anciens et nouveaux billets de 200, 500 et 1000 nairas.

Comme l’a déclaré Emmanuel Agin, l’un des membres de la Cour : « la désobéissance à l’ordonnance du tribunal montre que la démocratie du pays n’est qu’une simple prétention et qu’elle est désormais remplacée par l’autocratie. Ce procès est méritoire ». 

La Cour suprême a décidé d’annuler la politique de refonte du naira pour diverses raisons. Elle a estimé qu’elle était contraire à la Constitution nigériane, et que le gouvernement n’avait pas respecté les procédures requises pour l’adoption de la politique.

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Une mesure qui a limité les échanges entre cryptomonnaies et fiat

Le 31 janvier 2023 était une date cruciale pour le Nigeria, puisqu'elle devait marquer la fin du retrait des anciens billets de 200, 500 et 1 000 nairas de la circulation. Cette décision controversée avait été prise dans le but d’assurer la bonne utilisation et le contrôle appropriés de la monnaie nationale.

Cependant, cette directive ne fut pas sans conséquence. Qualifiée de « politique de démonétisation » par certains gouverneurs, elle a entraîné une pénurie de billets de banque. Cette perturbation du système financier a plongé le pays dans une crise financière et provoqué plusieurs émeutes.

De nombreuses entreprises ont également été affectées par la pénurie de billets de banque, ainsi que les utilisateurs de cryptomonnaies du pays. En effet, que ce soit pour les transactions commerciales locales ou les dépenses quotidiennes, les échanges entre cryptomonnaies et fiat étaient limités.

Si la directive du président a un impact significatif sur le quotidien des citoyens, la décision de la Cour suprême représente pour ces derniers une bouée de sauvetage. Elle leur assure notamment de pouvoir retrouver leurs habitudes avec les billets de 200, 500 et 1000 nairas jusqu’à la fin de l’année 2023.