Depuis onze semaines consécutives, Michael Saylor, cofondateur de Strategy (anciennement MicroStrategy), poursuit sans relâche sa stratégie d’accumulation de bitcoin (BTC). À contre-courant de l’incertitude ambiante, cette campagne d’achats massifs interroge autant qu’elle fascine. Pourquoi cette frénésie d'acquisitions ? Quelle vision Saylor poursuit-il ? Et quelles conséquences cela pourrait-il entraîner pour le marché ?
Le pari Bitcoin de Saylor
Le 23 juin dernier, Strategy a annoncé avoir acquis 245 bitcoins pour un montant de 26 millions de dollars, portant ses avoirs à un total impressionnant de 592 345 BTC, soit plus de 63,6 milliards de dollars. Il s’agit de la onzième semaine consécutive d’achat pour la firme cofondée par Michael Saylor. L’ancien PDG, désormais évangéliste crypto à plein temps, a publié sur X un message révélateur : « Dans 21 ans, vous regretterez de ne pas en avoir acheté davantage ». Une formule provocatrice, qui résume sa vision long-termiste.
Depuis le 14 avril, date de lancement de cette série d’acquisitions, Strategy semble animée par une conviction inébranlable. Et les chiffres lui donnent raison : selon les données de SaylorTracker, le portefeuille BTC de l’entreprise affiche un gain latent de plus de 21,8 milliards de dollars, soit une performance de +52 %. Cette position fait de Strategy le plus grand détenteur de bitcoin parmi les entreprises cotées, détenant plus du double des avoirs cumulés des 20 plus grosses sociétés concurrentes, selon les données de BitcoinTreasuries.net.
Modèle sous tension : vers un tournant pour les trésoreries Bitcoin ?
Si Strategy continue d’imposer son modèle, d’autres acteurs du marché n’affichent pas la même solidité. Selon un rapport de la société de capital-risque Breed, seule une minorité de sociétés de trésorerie en bitcoin survivra à une éventuelle chute des cours. « Lorsque les échecs surviendront inévitablement, les plus solides rachèteront les entreprises en détresse et consolideront le secteur », indique le rapport. La structure financière de Strategy, plus robuste que ses émules, lui conférerait un avantage décisif.
Breed souligne également que les nouvelles entreprises copiant le modèle de Strategy rencontrent des obstacles croissants. Elles doivent notamment lever des fonds dans des conditions de marché moins favorables, avec des ratios de levier plus élevés. Cette fragilité pourrait précipiter un effondrement en cascade si le cours du bitcoin venait à corriger brutalement. Malgré ce contexte tendu, certains analystes gardent leur optimisme : Jeff Walton, investisseur et analyste, estime que Strategy a désormais 91 % de chances d’intégrer le S&P 500 dès le second trimestre 2025.
En achetant du Bitcoin sans relâche, Michael Saylor ne se contente pas d’appliquer une stratégie financière : il redessine les contours du capitalisme numérique. Si les résultats actuels lui donnent raison, l’avenir reste incertain pour les entreprises qui s’inspirent de son modèle sans disposer des mêmes fondations. Le prochain cycle haussier ou baissier tranchera. En attendant, Saylor poursuit son accumulation comme si le futur du bitcoin, et de son entreprise, en dépendait.