Alors que le bitcoin (BTC) peine à défendre le seuil critique des 109 000 $, les grands porteurs déplacent leurs capitaux vers l’ether (ETH), signe d’un désengagement préoccupant. Cette dynamique survient dans un contexte macroéconomique tendu, où l’inflation, les taux obligataires et les tensions sur les marchés traditionnels viennent s’entremêler. Explications.
Le bitcoin fragilisé par les sorties de fonds et la pression des produits dérivés
Ces derniers jours, le bitcoin évolue dans une fourchette étroite de 2,3 %, peinant à se redresser après sa chute depuis les 112 500 $ atteints vendredi dernier. Si les marchés américains étaient fermés en raison du Labor Day, la situation sur les produits dérivés crypto révèle un climat de défiance croissante. D’après CoinGlass, près de 390 millions de dollars en positions longues à effet de levier seraient liquidées si le cours tombait sous les 107 000 $.
Les fonds négociés en bourse (ETF) Bitcoin aux États-Unis ont enregistré 127 millions de dollars de sorties nettes vendredi, ajoutant un signal de défiance supplémentaire. Même la prime annualisée des contrats à terme sur le bitcoin à 30 jours, actuellement autour de 7 %, stagne dans une zone neutre, bien loin du signal haussier observé le 24 août dernier après les propos de Jerome Powell. En somme, les indicateurs techniques et les comportements des investisseurs institutionnels convergent vers un même constat : le seuil de 108 000 $ est plus vulnérable que jamais.
La rotation vers l’ETH et les tensions obligataires brouillent les cartes
Un événement a particulièrement marqué les analystes : une baleine Bitcoin a vendu 4 milliards de dollars de BTC via la plateforme décentralisée Hyperliquid, le 21 août dernier. Ces fonds ont été réalloués vers l’ether, illustrant une stratégie de rotation confirmée par Nicolai Sondergaard, analyste chez Nansen. Ce mouvement témoigne d’un changement d’allocation chez certains investisseurs majeurs.
Par ailleurs, les tensions ne sont pas uniquement intra-crypto. Les obligations souveraines britanniques à 20 ans ont atteint leur plus haut niveau depuis 1998, signalant une défiance croissante envers les monnaies fiat ou un risque de pression inflationniste prolongée. Cette hausse des taux rend le financement de la dette publique plus coûteux et pourrait dégrader les équilibres budgétaires nationaux, voire provoquer des effets de contagion vers la zone euro.
Si le seuil des 107 000 $ venait à céder, les conséquences pourraient s’avérer brutales pour les positions longues sur le bitcoin. La réallocation de capitaux vers l’ETH et la montée des rendements obligataires britanniques dessinent un climat d’incertitude généralisée. Reste à voir si les données de l’emploi américain, attendues vendredi, permettront d’inverser la tendance ou enfonceront un peu plus le clou.