Alors que les initiatives blockchain se multiplient dans le secteur du sport, la FIFA se retrouve confrontée à une procédure officielle en Suisse. L’autorité de surveillance des jeux d’argent, GESPA, conteste certaines fonctionnalités de sa plateforme NFT, jugeant qu’elles relèveraient potentiellement du jeu de hasard non autorisé.
La FIFA visée pour des NFT aux allures de jeu de hasard
La plateforme FIFA Collect, lancée en 2022 en collaboration avec la société Modex, permet aux utilisateurs d’acquérir des objets numériques à collectionner. GESPA considère toutefois que certaines offres proposées, telles que les compétitions avec récompense, les airdrops ou encore le NFT “Right to Buy”, pourraient enfreindre la législation suisse.
L'autorité estime que ces produits combinent un mécanisme aléatoire et un accès monétisé, ce qui correspondrait à la définition d’un jeu de hasard. Ces formats seraient ainsi assimilables à des loteries ou à des paris sportifs, qui nécessitent une autorisation préalable pour opérer sur le territoire suisse.
GESPA avait déjà ouvert une enquête en octobre concernant le NFT offrant un droit de réservation pour les billets de la Coupe du Monde 2026. Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une surveillance accrue des offres Web3 dès lors qu’elles intègrent une dimension de mise et de gain.
Une plateforme Web3 entre innovation et incertitude juridique
Initialement construite sur la blockchain Algorand, FIFA Collect prévoit désormais une migration vers un réseau spécifique, un sous-ensemble de la blockchain Avalanche. Cette évolution technologique n’éloigne pas pour autant les préoccupations des régulateurs, qui interrogent les fondements économiques et juridiques de ce type d’innovation. À ce stade, ni la FIFA ni Modex n’ont formulé de réponse officielle à la plainte déposée par GESPA.
Cette affaire met en lumière les tensions croissantes entre les innovations numériques comme les NFT et les cadres juridiques existants, souvent conçus pour des modèles plus traditionnels. La question de la régulation des plateformes Web3 reste ouverte, notamment dans les pays où les définitions juridiques de jeux de hasard et de produits numériques se chevauchent. Les implications de cette plainte pourraient dépasser le cas FIFA, en affectant d’autres projets qui tentent de lier gamification, récompenses et blockchain.
La suite de cette procédure permettra d’évaluer dans quelle mesure les régulations actuelles peuvent s’appliquer à des produits numériques innovants et si les plateformes NFT doivent être repensées pour éviter tout chevauchement avec le cadre légal des jeux d’argent.