Un nouveau rebondissement vient troubler le paysage déjà instable des cryptomonnaies. Justin Sun, figure de proue du projet Tron, a réagi ce 11 avril aux rumeurs l’accusant d’être cité dans l’accord de plaidoyer de Changpeng Zhao, ancien PDG de Binance. Cette mise au point intervient alors que les spéculations, relayées par le Wall Street Journal, nourrissent une inquiétude grandissante parmi les investisseurs et les observateurs du secteur.

Ce que Sun dit vraiment sur CZ et les allégations

Un article du Wall Street Journal a récemment semé le trouble en affirmant que Changpeng Zhao, alias CZ, aurait partagé des informations concernant Justin Sun avec le Département de la Justice des États-Unis (DoJ). Cette révélation serait liée à l’accord de plaidoyer conclu par CZ en novembre 2023, dans le cadre de son inculpation pour manquements aux lois anti-blanchiment. Condamné à quatre mois de prison en avril 2024, CZ a été libéré en septembre de la même année.

Face à ces affirmations, Justin Sun a rapidement réagi via son compte X (anciennement Twitter). Il a nié être au courant de telles rumeurs et a insisté sur sa confiance envers le système judiciaire américain. « J’ai pleinement confiance dans l’intégrité du Département de la Justice américain et de Zhao », a-t-il déclaré. Il a également tenu à souligner sa relation personnelle avec CZ, le qualifiant de mentor et d’ami fidèle, tout en ajoutant que leurs échanges avaient toujours été fondés sur des valeurs d’intégrité et de collaboration.

Cette prise de parole publique intervient dans un contexte déjà tendu pour Justin Sun. Le fondateur de Tron est lui-même visé depuis mars 2023 par une plainte de la Securities and Exchange Commission (SEC) pour offre de titres non enregistrés, manipulation du marché et promotion illégale par des célébrités. En février 2025, Sun et la SEC ont demandé conjointement une suspension de la procédure afin de négocier un accord de règlement.

Ce que cette affaire révèle des relations crypto-institutionnelles

Malgré les démentis et les déclarations de loyauté, l’affaire met en évidence une réalité souvent ignorée dans le monde des cryptomonnaies. Elle soulève la question du lien ambigu entre les collaborations entre acteurs du secteur et leur participation aux enquêtes judiciaires. Justin Sun a d’ailleurs mentionné l’engagement de son entreprise au sein de la Joint Financial Crime Task Force, une initiative du Département de la Justice visant à lutter contre les crimes financiers liés aux actifs numériques. Cette collaboration est présentée comme une preuve de bonne foi et d’adhésion aux efforts de régulation.

Les tensions judiciaires entourant CZ et Sun soulignent l’évolution d’un écosystème qui, longtemps perçu comme un far west numérique, se voit de plus en plus soumis aux exigences de transparence, de conformité et de coopération avec les autorités. La mise en avant de relations personnelles entre fondateurs d’entreprises crypto, dans ce contexte, n’est pas anodine : elle sert autant à défendre une image d’intégrité qu’à rassurer les régulateurs.

La situation actuelle invite à s’interroger sur les stratégies de communication employées dans l’industrie crypto pour faire face aux enquêtes, mais aussi sur les dynamiques de pouvoir entre plateformes, fondateurs et États. Si Justin Sun cherche à se dissocier de toute implication compromettante, il n’en demeure pas moins au cœur d’un jeu complexe où réputation, régulation et alliances stratégiques s’entremêlent.