Les récentes évolutions réglementaires ont permis au Japon de plus que doubler son niveau d’adoption des cryptos en l’espace d’un an, d’après la société d’analyse blockchain Chainalysis.
Parmi les cinq plus grands marchés de la zone Asie-Pacifique (APAC), c’est le Japon qui a enregistré la croissance la plus forte. La valeur reçue onchain y a bondi de 120 % en glissement annuel sur les douze mois écoulés jusqu’en juin, selon un extrait du rapport Geography of Cryptocurrency 2025 publié mercredi par Chainalysis.
Chengyi Ong, responsable des politiques APAC chez Chainalysis, a déclaré à Cointelegraph que l’activité au Japon « reflète certaines tendances que nous avons observées sur le marché mondial, avec une forte reprise des volumes de trading au quatrième trimestre 2024 après l’élection présidentielle américaine, suivie d’un ralentissement ».
De son côté, Atsushi Kuwabara, directeur du développement chez l’exchange japonais Bitbank, a indiqué à Cointelegraph que la société avait constaté « une croissance régulière de l’utilisation de la plateforme, d’une année sur l’autre, jusqu’en août, aussi bien pour les nouveaux que pour les anciens utilisateurs ».
Le Japon a entrepris de réformer sa réglementation crypto afin d’aligner ses règles sur celles du marché des valeurs mobilières traditionnelles, tout en révisant son régime fiscal pour alléger l’imposition sur les cryptos. Le mois dernier, les autorités ont également approuvé le premier stablecoin indexé sur le yen.
« La croissance du Japon s’appuie sur des avancées majeures de son industrie crypto », souligne Chainalysis. « Pendant longtemps, les restrictions réglementaires ont limité la cotation des stablecoins sur les plateformes locales, mais la situation commence à évoluer. »
Ong précise que l’activité de marché au Japon « est restée stable mais relativement en retrait par rapport à des voisins comme la Corée du Sud ». Elle estime cependant que l’utilisation des cryptos dans le pays « pourrait être stimulée par les attentes liées aux futures évolutions réglementaires ».
« Il n’est pas surprenant d’observer un regain d’activité alors que se profile un environnement plus favorable en matière de politiques publiques et de fiscalité pour le trading de cryptos. »
L’Asie-Pacifique poursuit son expansion crypto
Le rapport de Chainalysis indique également que la valeur des cryptos reçues a doublé en Indonésie, en Corée du Sud et en Inde, reflétant « une expansion continue mais à partir de niveaux déjà élevés ». Le Vietnam, de son côté, a connu une croissance de 55 %, signe d’un « marché en maturation où les cryptos sont déjà profondément intégrées aux transferts d’argent et aux usages financiers quotidiens ».
L’entreprise rappelle qu’un précédent rapport publié ce mois-ci identifiait l’Asie-Pacifique comme la région à la croissance la plus rapide au monde en matière de valeur onchain reçue, avec l’Inde en tête de son Global Adoption Index.
À l’avenir, les marchés « suivront de près » l’évolution de stablecoins comme l’USDC (USDC) ou le JPYC, récemment validé par les régulateurs japonais, indique l’entreprise.
Les stablecoins, moteur de l’adoption régionale
Ong souligne que les stablecoins « deviennent un élément clé de l’adoption crypto en Asie-Pacifique », avec une présence forte sur plusieurs marchés de la région.
Elle ajoute que la Corée du Sud, en particulier, a vu ses banques manifester un « vif intérêt » pour le développement de la réglementation sur les stablecoins. Selon Chainalysis, les volumes de trading de ces actifs y ont bondi de plus de 50 % en début d’année, atteignant un total de 59 milliards de dollars d’achats sur les douze mois écoulés jusqu’en juin.
« Les stablecoins adossés au dollar ont pris une ampleur considérable sur ce marché », note Ong. « Il sera intéressant de voir si cette dynamique évolue lorsque des stablecoins adossés au won coréen feront leur apparition. »
Elle précise également que l’Australie « sera un marché à surveiller » après son récent changement d’approche vis-à-vis des stablecoins.
« Même si la législation tarde à se concrétiser, les régulateurs ont récemment accordé une licence à un stablecoin dans le cadre du régime financier existant, et ont pris des mesures pour faciliter son usage en accordant un allègement réglementaire aux distributeurs », explique Ong.
Des usages très différents selon les pays
Selon Chainalysis, les cinq marchés à plus forte croissance de la région présentent des « trajectoires d’entrée dans les cryptos très différentes », avec des cas d’usage variés. Néanmoins, les transferts d’argent (remittances) apparaissent comme un dénominateur commun.
En Inde, les jeunes adultes utilisent les cryptos pour générer des revenus grâce au trading, tandis qu’une large diaspora indienne recourt aux cryptos pour envoyer de l’argent au pays. Le Vietnam, lui, emploie les cryptos comme une « infrastructure du quotidien pour les transferts, le gaming et l’épargne, plutôt que pour la spéculation ».
Au Pakistan, une population jeune et ultra-mobile privilégie les stablecoins pour se protéger contre l’inflation et réaliser des paiements. En Corée du Sud, les cryptos sont échangées « presque comme des actions », les nouvelles lois en cours de mise en œuvre transformant l’activité sur les grandes plateformes locales.
Enfin, les « marchés plus modestes » que sont l’Australie, Singapour et Hong Kong avancent dans l’alignement de leurs politiques et régimes réglementaires, avec pour objectif un encadrement plus clair et renforcé du secteur.