Quand une monnaie nationale s'effondre, c'est toute une population qui vacille. En Iran, la dégringolade du rial face au dollar a déclenché une vague de colère à Téhéran, révélant une crise économique aiguë mêlant sanctions, mauvaise gestion monétaire et restrictions sévères sur les actifs alternatifs comme le bitcoin (BTC). Face à l’impuissance de la banque centrale et à la défiance grandissante envers le système bancaire local, les Iraniens manifestent massivement. Cette actualité met en lumière la fragilité du système financier iranien et relance les débats autour de la souveraineté monétaire à l’heure des actifs crypto.
Colère à Téhéran : La chute du rial met le feu aux poudres
La capitale iranienne, Téhéran, a été le théâtre de manifestations, lundi 30 décembre, après que le rial a atteint un plancher historique de 1,4 million par dollar américain, selon le Financial Times. Depuis la guerre éclair de deux semaines avec Israël en juin, la monnaie locale a perdu plus de 40 % de son pouvoir d'achat. Les protestataires dénoncent une mauvaise gestion chronique de la banque centrale, qui s’est soldée par la démission de son gouverneur, Mohammad Reza Farzin.
Cet effondrement monétaire s’inscrit dans un contexte de défiance généralisée envers les institutions économiques. L’historien et défenseur du bitcoin, Alex Gladstein, rappelle que « le taux officiel dans les années 1980 était de 70 rials pour un dollar », contre 1,4 million aujourd’hui. Une spirale inflationniste d’une ampleur dramatique, exacerbée par les sanctions internationales et l’isolement du pays vis-à-vis des circuits financiers mondiaux.
Banques en faillite, bitcoin sous pression : Un avenir incertain
La crise monétaire iranienne ne s’arrête pas à l’effondrement du rial. Le secteur bancaire est lui aussi en grande difficulté. En octobre dernier, Bank Melli, l'une des principales banques publiques iraniennes, a déclaré faillite, mettant en péril les avoirs de 42 millions d’Iraniens. Et la situation est loin d’être stabilisée : en février 2025, la Banque centrale iranienne a averti que huit autres banques risquaient la dissolution, faute de réformes structurelles.
Dans ce contexte chaotique, certains espéraient que le bitcoin représente une porte de sortie. Pourtant, la réalité réglementaire iranienne complique la donne. Si le trading crypto est autorisé, la garde autonome des fonds reste floue, et le minage de bitcoin est fortement encadré. Le gouvernement a même récemment incité les citoyens à dénoncer les mineurs non enregistrés, avec des primes à la clé. Une politique que Matthew Sigel (VanEck) qualifie de « véritable séquence diabolique », alors même que le coût du minage en Iran est l’un des plus bas du monde.
Le potentiel libérateur du bitcoin et des cryptos semble donc étouffé par un contrôle étatique drastique. Et pour ne rien arranger, la plateforme crypto iranienne Nobitex a subi un hack de 81 millions de dollars en juin, ce qui a encore affaibli la confiance du public. À court terme, la conjonction de ces facteurs laisse présager un avenir économique encore plus incertain pour l’Iran, et peut-être, une reconfiguration forcée de son système financier, à condition que la crypto y trouve un véritable espace de respiration.
