Harvard frappe fort dans l’univers des cryptos. Son fonds de dotation, le plus important des États-Unis, investit plus de 116 millions de dollars dans le bitcoin (BTC) via l’ETF de BlackRock. Une décision qui illustre la place croissante des actifs numériques dans les stratégies d’investissement institutionnelles.
Harvard entre dans le jeu du bitcoin
Géré par la Harvard Management Company (HMC), le fonds de dotation de l’université affiche une valeur de 53,2 milliards $, selon un dépôt transmis vendredi à la Securities and Exchange Commission (SEC). Dans ce portefeuille, qui compte plusieurs centaines de lignes d’investissement réparties entre actions cotées, actifs privés, immobilier et placements alternatifs, l’université a déclaré posséder environ 1,9 million d’actions de l’iShares Bitcoin ETF de BlackRock.
Cette participation, valorisée à 116 millions $ à la date de référence, représente environ 0,22 % de l’ensemble du fonds. Malgré ce poids relatif modeste, la position occupe la cinquième place des investissements les plus importants de HMC sur la période. Seules quatre entreprises la devancent : Microsoft, Amazon, Booking Holdings (acteur majeur des technologies de voyage) et Meta.
Cette orientation vers un actif numérique survient après plusieurs années de réflexion. Dès 2018, Harvard envisageait déjà une exposition indirecte aux cryptomonnaies par le biais de fonds spécialisés. L’investissement dans l’ETF de BlackRock concrétise cette approche progressive, en privilégiant un véhicule réglementé et reconnu par les autorités financières américaines.
Pour comprendre la portée de cette décision, il est utile de rappeler que l’ETF Bitcoin de BlackRock, approuvé par la SEC en janvier 2024, a rapidement gagné en notoriété et en taille, atteignant 86 milliards $ d’actifs nets selon les données du gestionnaire. Ce succès repose sur sa structure qui permet aux investisseurs institutionnels d’obtenir une exposition au bitcoin sans devoir en détenir directement, tout en bénéficiant d’un cadre réglementaire strict.
Vers une adoption élargie des cryptomonnaies dans les universités
Harvard n’est pas la première institution académique à se tourner vers les actifs numériques. En 2024, Emory University avait acquis 2,7 millions d’actions du Grayscale Bitcoin Mini Trust, pour un montant d’environ 15 millions $. Ce mouvement illustre une tendance émergente où les dotations universitaires explorent de nouvelles classes d’actifs pour diversifier leurs sources de rendement.
La dynamique pourrait s’accélérer grâce à une évolution récente de la régulation. La SEC a relevé le plafond des options sur ETF, passant de 25 000 à 250 000 contrats pour chaque fonds éligible, y compris l’iShares Bitcoin ETF. Cette mesure est susceptible d’accroître l’attractivité de ces produits financiers, en offrant plus de flexibilité aux investisseurs institutionnels qui souhaitent couvrir ou optimiser leur exposition au marché du Bitcoin.
Pour les universités, cette ouverture réglementaire renforce l’intérêt d’utiliser des produits comme l’ETF de BlackRock : ils permettent de combiner la performance potentielle du Bitcoin avec des outils financiers traditionnels, tout en limitant les risques opérationnels liés à la détention directe de cryptomonnaies.
Une transition stratégique pour la gestion des dotations
L’entrée de Harvard dans l’ETF Bitcoin ne peut être réduite à une simple opportunité de rendement. Elle reflète une adaptation stratégique : intégrer des actifs alternatifs dans un portefeuille historiquement centré sur les actions technologiques, l’immobilier et les obligations. Cette diversification répond à une logique de gestion de long terme, où la résilience face aux cycles économiques est primordiale.
Si d’autres grandes universités suivaient cette voie, l’effet cumulé pourrait contribuer à stabiliser et à légitimer davantage le marché du Bitcoin. Pour les investisseurs traditionnels, voir des institutions aussi établies adopter cette classe d’actifs pourrait renforcer la confiance et favoriser une adoption plus large.