L’interdiction des stablecoins à rendement aux États-Unis pourrait bouleverser les équilibres du marché crypto. Signée vendredi par Donald Trump, la loi GENIUS met fin à toute forme de rémunération sur les stablecoins régulés. Une décision qui pousse déjà les investisseurs à réévaluer leurs stratégies, au profit des protocoles DeFi basés sur Ethereum.
Une opportunité pour Ethereum et les protocoles décentralisés
La loi GENIUS, promulguée vendredi 12 juillet par le président Trump, interdit désormais tout stablecoin américain offrant des rendements. Ces actifs, utilisés pour générer des intérêts via des mécanismes comme le staking ou le lending, sont désormais hors-la-loi aux États-Unis. Pour de nombreux analystes, la décision pourrait favoriser une migration des capitaux vers la finance décentralisée. Nic Puckrin, expert reconnu du secteur, qualifie cette évolution de catalyseur pour Ethereum.
« La suppression du rendement sur les stablecoins est une excellente nouvelle pour la DeFi sur Ethereum, qui reste la principale alternative pour générer des revenus passifs », déclare-t-il. Le président de CoinFund, Christopher Perkins, abonde dans le même sens. Selon lui, l’effet inflationniste du dollar, « un actif qui se déprécie sans rendement », ne laisse plus le choix : « La DeFi devient le moyen de préserver la valeur. Je pense que l'été des stablecoins va devenir l'été de la DeFi. »
En interdisant les rendements centralisés, la loi Genius redirige les flux vers des plateformes décentralisées comme Aave, Compound ou Lido, dont l’architecture permet encore l’accumulation d’intérêts, tout en maintenant un niveau élevé de transparence et d’autonomie.
La DeFi face au défi institutionnel et aux tensions réglementaires
L’impact de la loi Genius ne se limite pas aux utilisateurs particuliers. Les institutions financières, soumises à des obligations fiduciaires strictes, sont elles aussi affectées. Incapables de générer du rendement via des stablecoins régulés, certaines d’entre elles pourraient s’orienter vers les protocoles DeFi, malgré les risques réglementaires associés.
Cette dynamique suscite des réactions vives au sein du paysage politique. La sénatrice Kirsten Gillibrand et des experts comme Austin Campbell ou Reeve Collins dénoncent une déstabilisation potentielle du système bancaire. Pour ces opposants, les stablecoins à rendement représentent une menace directe pour les établissements traditionnels, incapables de rivaliser avec des taux offerts par des protocoles ouverts et automatisés.
Derrière ces débats, une transformation structurelle s’opère. L’interdiction des rendements sur les stablecoins centralisés pourrait, à moyen terme, renforcer la légitimité économique des plateformes DeFi. L’attractivité des revenus passifs offerts par ces dernières, associée à une technologie éprouvée et à une interopérabilité croissante, redéfinit les contours de la finance post-Genius Act. Toutefois, cette bascule vers la DeFi ne se fera pas sans heurts. Régulateurs, banques et acteurs crypto devront trouver un nouvel équilibre entre innovation, rendement et sécurité.