Christopher Waller a déclaré à ses homologues et au secteur bancaire privé qu’il n’y avait « rien à craindre » dans l’utilisation des paiements en crypto en dehors du système bancaire traditionnel.

« Il n’y a rien d’inquiétant dans le fait que cela se passe dans l’univers de la finance décentralisée (DeFi) — il s’agit simplement d’une nouvelle technologie permettant de transférer des actifs et d’enregistrer des transactions », a-t-il expliqué lors d’un discours prononcé mercredi au Wyoming Blockchain Symposium 2025.

Pour lui, tirer parti de l’innovation technologique afin de créer de nouveaux services de paiement n’a rien de nouveau. Waller a invité décideurs politiques et banquiers à travailler ensemble au développement d’une infrastructure crypto pour les paiements. « Il n’y a aucune raison de craindre l’usage des smart contracts, de la tokenisation ou des registres distribués dans les transactions du quotidien », a-t-il insisté.

Source: Sergii Gerasymovych

Les propos de Waller traduisent l’évolution progressive de la Fed vers une acceptation plus ouverte des crypto-actifs et de leur rôle futur dans le système de paiements américain. En avril, l’institution avait d’ailleurs retiré ses directives de 2022 qui dissuadaient les banques d’explorer les activités liées aux cryptomonnaies et aux stablecoins.

La semaine dernière, la Fed a également mis fin à son « programme de supervision des activités nouvelles », centré sur les risques liés aux cryptos. Dans la foulée, Michelle Bowman, vice-présidente chargée de la supervision, a suggéré mardi que les employés de la Fed puissent détenir de petites quantités de crypto afin de mieux comprendre cette technologie.

Les positions pro-crypto de Waller pourraient bientôt peser davantage : il est pressenti comme favori pour succéder à Jerome Powell à la tête de la Fed. Le mandat de Powell s’achève en mai 2026 et ne pourra être prolongé qu’en cas de renomination par Donald Trump et de confirmation par le Sénat. Mais selon plusieurs sources, Trump ferait déjà pression pour pousser Powell vers la sortie.

Acheter des memecoins avec des cryptos, c'est comme acheter des pommes avec de l'argent fiduciaire : Waller

Waller a comparé les transactions en DeFi à un achat quotidien par carte bancaire. Selon lui, payer un memecoin avec un stablecoin revient au même que régler une pomme au supermarché avec une carte de débit.

« Je vais à l’épicerie, j’achète une pomme et je la paie avec les dollars numériques de mon compte courant. Je pose ma carte sur le terminal et la transaction est validée. Enfin, la machine imprime un ticket, preuve de l’opération. Le même processus existe dans l’univers crypto », a-t-il expliqué.

« Je peux acheter un memecoin en utilisant un stablecoin comme moyen de paiement. La transaction se fait via un smart contract. Enfin, elle est inscrite sur un registre distribué », a-t-il détaillé.

Le projet de loi GENIUS, un jalon clé pour les stablecoins

Christopher Waller a salué l’adoption récente du Guiding and Establishing National Innovation for US Stablecoins Act (GENIUS Act), la qualifiant « d’étape importante » pour favoriser l’adoption des stablecoins. Selon lui, ce texte pourrait permettre aux stablecoins « d’exploiter pleinement leur potentiel ».

Il a ajouté que ces actifs numériques pourraient renforcer et étendre le rôle international du dollar, notamment dans les pays frappés par une forte inflation ou ceux qui ont peu accès aux billets verts, tout en améliorant les paiements de détail et les paiements transfrontaliers.

Le marché des stablecoins promis à une croissance explosive

Le marché des stablecoins pèse actuellement 280 milliards de dollars. Le département du Trésor américain estime qu’il pourrait atteindre 2 000 milliards de dollars d’ici 2028, soit une croissance de 615 %.

Cette projection repose notamment sur l’idée qu’un cadre réglementaire clair pour les stablecoins stimulerait fortement la demande en bons du Trésor américain.

Selon les données de CoinGecko, Tether (USDT) et Circle (USDC) dominent largement le secteur, avec des capitalisations respectives de 167 milliards et 67,5 milliards de dollars.