Dans un contexte de surveillance accrue, de censure possible des RPC centralisés, et d’utilisateurs de plus en plus soucieux de leur vie privée, la Fondation Ethereum dévoile « Kohaku ». Il s’agit d’un projet stratégique visant à révolutionner la sécurité des portefeuilles crypto. Avec la collaboration de plusieurs équipes clés de l’écosystème, cette initiative entend répondre à un besoin pressant : rendre les portefeuilles Ethereum plus privés, plus souverains et moins dépendants des infrastructures centralisées.

Kohaku, une réponse ciblée à la centralisation des portefeuilles crypto

La Fondation Ethereum a officiellement présenté Kohaku, une feuille de route ambitieuse pour améliorer la confidentialité et la sécurité des portefeuilles. Celle-ci se fera via un kit de développement logiciel (SDK) modulaire et une extension de navigateur de référence, construite à partir du portefeuille Ambire. Nicolas Consigny, coordinateur au sein de la fondation, a publié l’annonce jeudi dans un billet de blog détaillé. L’objectif affiché : fournir aux développeurs et utilisateurs avancés les outils nécessaires pour bâtir des portefeuilles crypto privés, sécurisés et interopérables. « Kohaku est conçu pour réduire la dépendance des portefeuilles à des services centralisés qui peuvent suivre les transactions », explique-t-il.

Le projet est le fruit d’une collaboration entre plusieurs entités reconnues de l’écosystème Ethereum, dont Ambire, Railgun, DeFi Wonderland, Helios et Oblivious Labs. Entièrement open source, Kohaku invite les développeurs crypto à contribuer via GitHub. Il introduit également des mécanismes de récupération sociale basés sur des technologies comme ZK Email ou Anon Aadhaar. La première permet une vérification anonyme des emails grâce aux zero-knowledge proofs, tandis que la seconde offre une identification préservant la vie privée. Kohaku pose ainsi les premières briques d’un environnement transactionnel plus souverain, et mieux protégé contre la surveillance.

Une ambition cryptographique jusqu’au niveau du silicium

Au-delà de la simple couche logicielle, Kohaku vise une redéfinition profonde de l’architecture des portefeuilles Ethereum. L’un des objectifs à long terme est d’amener la sécurité « aussi proche que possible du silicium », selon les termes du projet. Concrètement, cela se traduirait par le développement d’un navigateur Ethereum natif, capable de faire interagir les utilisateurs crypto avec des DApps, contenus IPFS et réseaux décentralisés sans fuites de données.

En parallèle, la Fondation Ethereum vient de lancer le Privacy Cluster, une initiative rassemblant 47 chercheurs, ingénieurs et cryptographes de renom. Ce groupe travaillera de concert avec l’équipe Privacy and Scaling Explorations (PSE) pour développer des outils tels que les paiements privés, les systèmes d’identité confidentielle ou encore des infrastructures zero-knowledge natives de la couche 1 d’Ethereum. Kohaku n’est qu’un des projets de ce cluster aux côtés d'autres initiatives comme Private Reads & Writes, Private Proving ou Private Identities.

Cette montée en puissance des travaux sur la confidentialité au sein même de la couche protocolaire d’Ethereum marque un changement de paradigme. Elle illustre une volonté croissante de proposer une alternative crédible aux modèles d’identification et de transaction actuels, souvent dépendants d’intermédiaires. À terme, ces efforts pourraient transformer Ethereum en un réseau crypto offrant des garanties de confidentialité par défaut, tout en maintenant son caractère public et décentralisé.