La courbe de croissance d’Ethereum ne tient plus du seul engouement spéculatif. À mesure que les acteurs institutionnels s’installent et que le cadre réglementaire s’éclaircit, l'écosystème blockchain devient l’épine dorsale d’un nouveau système financier. Un changement structurel est en cours, et il commence par l’essor des actifs du monde réel (RWA) et des stablecoins sur Ethereum.

Stablecoins et RWA, des milliards qui basculent vers Ethereum

Les signaux sont clairs. Le marché des stablecoins, longtemps considéré comme une niche utilitaire de la finance décentralisée, a doublé pour atteindre environ 280 milliards de dollars depuis 2023. Ce chiffre, déjà impressionnant, pourrait culminer à 2 000 milliards de dollars d’ici 2028.

À lui seul, Ethereum capte plus de 56 % de cette valeur. Une concentration qui souligne le rôle central de la blockchain dans les flux monétaires numériques mondiaux. Autre indicateur marquant constitue la tokenisation des actifs du monde réel (RWA), qui a enregistré une progression fulgurante de 413 % en seulement un an.

De 5,2 milliards USD début 2023, le volume total atteint désormais 26,7 milliards USD, dont 7,6 milliards USD sont hébergés sur Ethereum, soit 52 % du total. Cette dynamique reflète un transfert progressif de la valeur financière tangible vers un modèle dématérialisé et programmable, et met en lumière l’attractivité croissante d’Ethereum auprès des institutions financières.

Un tournant réglementaire propulse Ethereum au statut d’infrastructure

Deux textes législatifs récents aux États-Unis redéfinissent les règles du jeu. Le GENIUS Act, adopté en juillet 2025, et le CLARITY Act, validé par la Chambre des représentants le 17 juillet 2025, sont conçus pour encadrer la tokenisation et la circulation des actifs numériques. Ils apportent une reconnaissance explicite à Ethereum, qualifiée de blockchain mature et interopérable avec les standards financiers existants.

Ce basculement réglementaire constitue un catalyseur majeur pour l’adoption d’Ethereum. Il sécurise juridiquement les opérations des grands gestionnaires d’actifs et des banques d’investissement, tout en envoyant un signal fort aux marchés. Dans ce contexte, le prix de l’ether (ETH) s’est envolé de 88 % en deux mois, un mouvement haussier alimenté par une réévaluation structurelle de son rôle dans la finance numérique.

La montée en puissance de la tokenisation institutionnelle n’est plus une spéculation de niche. Ethereum, de par sa résilience opérationnelle, son historique de déploiement fiable et son réseau décentralisé, s’impose progressivement comme l’infrastructure standardisée de la finance programmable.

L’ether change de nature

Derrière les courbes de prix et les flux de capitaux se joue une transformation silencieuse : celle du rôle même d’Ethereum dans l’économie mondiale. D’actif spéculatif, l’ETH devient une brique d’infrastructure, sur laquelle se construisent les produits financiers de demain : obligations tokenisées, dépôts numérisés, stablecoins interbancaires, prêts collatéralisés automatisés.

Les projections à 2 000 milliards USD de capitalisation pour les stablecoins à horizon 2028 ne relèvent plus d’une vision utopique, mais d’une trajectoire rationnelle, portée par la demande réglementée et les cas d’usage concrets. Dans cette architecture naissante, l’ether devient le carburant d’un système qui ne cherche plus à concurrencer la finance traditionnelle, mais à l’absorber et à l’optimiser.