À l’heure où la scalabilité d’Ethereum reste au cœur des débats, les annonces des forks Glamsterdam et Heze-Bogota prévus pour 2026 pourraient bien marquer un tournant technique décisif pour la blockchain. Limite de gaz décuplée, traitement parallèle des transactions, validation par preuves ZK... les ambitions affichées annoncent une nouvelle ère pour la couche 1. Que faut-il en attendre concrètement ? Quels défis subsistent ? Décryptage d’un chantier d’envergure aux implications multiples.
Glamsterdam, le grand bond technique d’Ethereum
La première évolution majeure d’Ethereum sera le hard fork Glamsterdam, attendu à mi-2026. Il introduira notamment deux améliorations clés : les Block Access Lists (EIP-7928) et l’Enshrined Proposer Builder Separation (ePBS). La première permettra d’activer un traitement parallèle parfait des blocs, une avancée qui devrait transformer Ethereum d’une autoroute à une véritable multivoie transactionnelle. Trintinalia, développeur Ethereum, explique que cela évitera le recours constant au disque dur pour lire les transactions, « le plus grand goulot d’étranglement que nous ayons ».
Le second changement majeur, l’ePBS, vise à décentraliser et sécuriser la production de blocs. Il intégrera dans le consensus ce qui est actuellement géré par MEV Boost, séparant les rôles de proposeurs et de constructeurs. Selon Ladislaus von Daniels, cette séparation permettra une meilleure compatibilité avec la validation par preuves ZK, en allongeant le temps disponible pour les générer. Justin Drake, de la Fondation Ethereum, estime qu’environ 10 % des validateurs adopteront ce mécanisme d’ici fin 2026.
Heze-Bogota et les nouvelles ambitions de scalabilité et de résistance à la censure
Le fork Heze-Bogota, prévu en fin d’année 2026, aura un objectif différent. L’unique EIP actuellement considéré, FOCIL (Fork-Choice Inclusion Lists), vise à renforcer la résistance à la censure en permettant à plusieurs validateurs d’exiger l’inclusion de certaines transactions. « Si au moins une partie du réseau est honnête, alors votre transaction sera incluse à un moment donné », a déclaré Trintinalia.
Côté scalabilité, les blocs devraient pouvoir accueillir jusqu’à 72 blobs de données ou plus, ce qui permettrait aux solutions L2 de traiter des centaines de milliers de transactions par seconde. Tomasz Stańczak évoque une limite de gaz de 200 millions, voire 300 millions selon les avancées. Vitalik Buterin, lui, tempère : il évoque une hausse ciblée, couplée à un renchérissement du coût de certaines opérations jugées inefficaces.
Ces changements combinés pourraient enfin permettre à Ethereum d’approcher les 10 000 transactions par seconde sur la couche 1, sans compromettre la sécurité ni la décentralisation. Mais ces ambitions restent suspendues à l’implémentation effective des forks et à l’adoption par les validateurs. Affaire à suivre.

