La sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren tire la sonnette d'alarme sur le fait que les sociétés cotées en bourse pourraient essentiellement contourner les lois américaines sur les valeurs mobilières si un projet de loi visant à réglementer les marchés crypto était adopté.
Lors d’une audition organisée mercredi par la commission bancaire du Sénat sur la régulation des marchés crypto, la sénatrice Warren s’est dite favorable à un encadrement plus strict des actifs numériques pour renforcer le système financier américain. Toutefois, elle a exprimé de vives réserves sur le projet de loi intitulé Digital Asset Market Clarity Act, ou CLARITY act, actuellement en discussion à la Chambre.
Selon elle, certaines entreprises non issues du secteur crypto pourraient utiliser la tokenisation de leurs actifs pour échapper à la surveillance de la Securities and Exchange Commission (SEC).
« Avec ce texte, une société cotée comme Meta ou Tesla pourrait décider de mettre ses actions sur la blockchain et — pouf ! — elle échapperait à toute régulation de la SEC », a dénoncé la sénatrice. « C’est un grave danger pour notre pays. »
La sénatrice a également soulevé des interrogations sur l’influence potentielle de Meta auprès des législateurs engagés sur un autre texte clé : le GENIUS Act (Guiding and Establishing National Innovation for US Stablecoins). Elle rappelle que l’entreprise avait déjà tenté de lancer son propre stablecoin.
Ce texte, le projet CLARITY et une proposition visant à limiter le développement d’une monnaie numérique de banque centrale américaine (CBDC) devraient être débattus à partir de lundi à la Chambre des représentants.
Les conflits d’intérêts crypto restent un sujet sensible au Congrès
L’audition de mercredi constitue l’une des premières occasions où le Sénat se penche concrètement sur un projet structurant pour les marchés crypto, alors que ses dirigeants ont affiché l’objectif d’un vote en septembre.
Plusieurs intervenants ont été entendus, dont le PDG de Ripple, Brad Garlinghouse, d’anciens membres de la CFTC, et d'autres experts.
« Plus de 55 millions d’Américains participent aujourd’hui à l’économie crypto, pour une capitalisation totale de 3 400 milliards de dollars », a déclaré Garlinghouse dans sa déposition. « Il est temps d’adopter un cadre réglementaire intelligent pour structurer ce marché. Cela aurait dû être fait depuis longtemps. »
Richard Painter, ancien avocat chargé de l’éthique à la Maison Blanche et invité par Warren à s’exprimer, a ajouté :
« Il est inacceptable que ceux qui rédigent, appliquent ou interprètent les lois aient des intérêts personnels dans le secteur concerné. Si vous légiférez sur la crypto, vous ne devez pas y investir. »
Warren et Painter ont ciblé nommément Donald Trump, accusé d’entretenir des liens étroits avec l’industrie crypto via la société World Liberty Financial, soutenue par sa famille, et le lancement de son memecoin Official Trump (TRUMP).
La sénatrice a accusé les Républicains de favoriser les lobbys crypto en offrant ce qu’elle décrit comme un « cadeau réglementaire », tout en fermant les yeux sur ce qu’elle considère comme la « corruption » de Trump dans ce secteur.
D’après Bloomberg, Donald Trump aurait ajouté au moins 620 millions de dollars à son patrimoine en seulement quelques mois grâce à ses investissements dans les cryptomonnaies.