L'industrie crypto continue de souffrir de la cybercriminalité, les marchés du darknet étant l'une des deux catégories affichant une augmentation des revenus en 2023, selon le dernier rapport de la société d'analyse Blockchain Chainalysis.
Le dernier rapport de Chainalysis sur la criminalité crypto, publié le 29 février, révèle que les marchés du darknet ont perçu des revenus d'au moins 1,7 milliard de dollars en 2023 - un rebond par rapport aux données de 2022, lorsque les autorités ont fermé le plus grand marché du darknet au monde, Hydra.
Bien qu'aucune marketplace n'ait remplacé Hydra, le rapport révèle que de plus petites marketplaces prospèrent en desservant des niches spécifiques et en développant des « rôles plus spécialisés ». Chainalysis a mis en évidence le fait que Mega Darknet Market est en tête du peloton avec plus de 500 milliards de dollars d'entrées en cryptomonnaies.
Toutefois, les revenus générés par les marchés du darknet n'ont pas encore retrouvé les niveaux records observés à l'époque d'Hydra. Le rapport précise :
« Nous nous attendons à ce que les forces de l'ordre continuent d'enquêter sur les marchés du darknet et de les démanteler, d'autant plus que nombre d'entre eux proposent des produits à base de fentanyl à la vente. »
Eric Jardine, responsable de la recherche sur la cybercriminalité chez Chainalysis, a déclaré à Cointelegraph que le phénomène des « marchés de niche du darknet » en concurrence pour gagner des parts de marché n'est pas nouveau et suit les tendances après les fermetures de marchés du darknet tels que Silk Road et AlphaBay.
Outre l'augmentation des revenus des marchés du darknet, 2023 a vu les sanctions liées aux cryptomonnaies imposées par l'Office of Foreign Assets Control (OFAC) des États-Unis plus que doubler, avec un total de 18 sanctions visant des individus ou des entités, qui incluaient toutes des adresses de cryptomonnaies dans leur désignation.
Les flux de cryptomonnaies vers les entités et les juridictions sanctionnées représentaient 61,5 % du volume total des transactions illicites, soit 14,9 milliards de dollars en 2023.
Selon le rapport, en 2023, les sanctions de l'OFAC liées aux cryptomonnaies se sont déplacées vers des groupes et des acteurs individuels et se sont éloignées des principaux marchés du darknet tels que Garantex et Hydra, ainsi que des mélangeurs tels que Tornado Cash.
La liste des personnes sanctionnées en lien avec les cryptomonnaies comprend le groupe de pirates informatiques nord-coréen Kimsuky, le mélangeur de cryptomonnaies Sinbad.io, la ressortissante russe Ekaterina Zhdanova et la MSB Buy Cash, basée à Gaza.
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Le rapport présente toutefois des chiffres plus positifs, notamment une baisse d'une année sur l'autre des revenus provenant des escroqueries basées sur les cryptomonnaies. Bien que les escroqueries restent l'un des principaux moteurs de la criminalité basée sur les cryptomonnaies, avec 4,6 milliards de dollars de revenus pour 2023, le chiffre est en baisse par rapport aux 5,9 milliards de dollars de l'année précédente.
Néanmoins, 2023 a vu une augmentation de nouveaux types d'escroqueries, notamment les escroqueries à la romance - également connues sous le nom d'escroqueries au dépeçage de porc. Ces types d'escroqueries ont plus que doublé en termes de revenus d'une année sur l'autre, les données indiquant que les revenus ont été multipliés par 85 depuis 2020.
Le rapport de Chainalysis estime que les escroqueries à la romance ont « le pire impact sur les victimes de tous les types d'escroquerie » en raison du montant moyen des paiements. Le rapport révèle que 2023 a également vu une augmentation de la proéminence des escroqueries par phishing d'approbation.
M. Jardine estime que les escroqueries à la romance augmentent parce qu'elles sont efficaces, les escrocs n'étant rien d'autre qu'opportunistes. Il ajoute :
« Ces escroqueries prennent des semaines, voire des mois, car les escrocs cherchent à gagner la confiance de leurs victimes. Les utilisateurs qui ne connaissent pas les signes permettant de repérer les escroqueries peuvent facilement devenir des proies. »
Interrogé sur les moyens d'éviter les escroqueries et de lutter contre la cybercriminalité liée aux cryptomonnaies en 2024, M. Jardine a déclaré :
« La création d'un environnement plus sûr et plus fiable on-chain nécessite une action de la part de divers acteurs des secteurs public et privé, ainsi que des individus eux-mêmes. »
Dans le cas des escroqueries, « les individus peuvent contribuer à minimiser les risques en étant prudents dans leurs interactions on-chain et en ligne », tandis que d'autres acteurs de l'écosystème peuvent aider à identifier les empreintes on-chain des réseaux d'escroquerie, et que les forces de l'ordre « peuvent travailler entre les juridictions et avec les acteurs du secteur privé pour tenter de récupérer les fonds volés aux victimes ».
M. Jardine a également souligné l'importance d'utiliser des services qui mettent activement l'accent sur la sécurité dans l'espace de la finance décentralisée. « Une bonne hygiène numérique, en particulier en ce qui concerne la gestion des mots de passe et des phrases secrètes, est également cruciale. », a-t-il déclaré.