La semaine dite de la « Crypto Week » s’est conclue sur des avancées réglementaires majeures, dont l’adoption très attendue de la loi GENIUS. Pourtant, de nombreux acteurs du secteur estiment que cette clarification juridique n’est qu’un point de départ.

« La clarté réglementaire est un commencement, pas une finalité », a déclaré Leo Fan, cofondateur de Cysic, à Cointelegraph. Il souligne que d’autres chantiers sont essentiels : des blockchains capables de passer à l’échelle, des systèmes de vérification instantanée, et des solutions de garde fiables.

Fan reconnaît que la Crypto Week a permis de franchir une étape clé avec la reconnaissance juridique que tous les actifs crypto ne sont pas des titres financiers, grâce à la loi GENIUS. Il y voit un changement structurel majeur, offrant un cadre clair aux développeurs, investisseurs et institutions pour innover sans incertitude légale.

Selon lui, la crypto commence enfin à être reconnue comme une infrastructure fondamentale, ce qui ouvre la voie à son intégration dans les systèmes financiers, d’identité et de protection de la vie privée. « Maintenant que les bases juridiques sont posées, l’intégration dans le monde réel devient plus accessible », estime-t-il.

Le président Trump signe la loi GENIUS. Source: Paolo Ardoino

La loi GENIUS confirme la pérennité de la DeFi

Altan Tutar, cofondateur et PDG de MoreMarkets, estime que la loi GENIUS est « le signal le plus fort à ce jour que la finance décentralisée (DeFi) est là pour durer ». Il note que les États-Unis rattrapent leur retard sur l’Asie en matière d’adoption crypto.

Selon lui, cette législation va accélérer l’adoption des stablecoins de manière significative, en facilitant la tokenisation d’actifs traditionnels comme l’or ou le pétrole. Elle pourrait ainsi élargir les cas d’usage de la DeFi à de nouveaux territoires.

Cependant, il met avertit que cette clarté réglementaire profite avant tout aux institutions, moins aux petits investisseurs. Il insiste donc sur l’urgence de développer des systèmes de paiement, des applications et des solutions de rendement accessibles au grand public, afin d’éviter à la crypto de suivre le même destin spéculatif que la bulle Internet des années 2000.

De son côté, Ryan Chow, PDG de Solv Protocol, considère que la Crypto Week a permis de « poser les bases légales nécessaires à la légitimité des actifs numériques », mettant fin à des années d’incertitudes réglementaires qui freinaient l’adoption institutionnelle.

Il qualifie de « monumentale » la distinction opérée par la loi GENIUS entre les actifs numériques décentralisés et les titres financiers traditionnels. Cette différenciation redonne confiance aux développeurs comme aux investisseurs.

Selon lui, la clarté juridique est essentielle, mais seule la crédibilité permettra de construire des marchés solides. Il appelle donc à développer des produits comme le crédit adossé au Bitcoin, des bons du Trésor tokenisés, et des rendements liés à des actifs réels, avec une gestion transparente du risque et une conformité intégrée dès la conception.

La régulation ne suffit pas à elle seule

Will K, PDG de VOOI et cofondateur de Symbiosis.Finance, souligne lui aussi que la régulation ne fait pas tout. Il insiste sur l’importance de construire une infrastructure mature, d’améliorer l’expérience utilisateur et d’utiliser des outils d’IA pour démocratiser l’accès.

Faute de ces évolutions, la crypto risque de rester un écosystème de niche, loin d’un standard financier mondial. « L’industrie doit arrêter de construire pour les puristes crypto. Il faut enfin construire pour le grand public », alerte-t-il.

Adoptée la semaine dernière à la Chambre des représentants avec plus de 300 voix, dont 102 démocrates, la loi GENIUS (Guiding and Establishing National Innovation for US Stablecoins) établit le tout premier cadre fédéral pour les stablecoins aux États-Unis.