Sharplink Gaming, acteur peu connu du grand public, vient de déclencher une onde de choc sur les marchés financiers. En quelques heures, son action a perdu plus de deux tiers de sa valeur. En cause : un dépôt réglementaire qui a semé la panique, sur fond de rumeurs confirmées d’un achat massif d’ether (ETH). Mais derrière cette dégringolade, se dessine peut-être une stratégie de trésorerie audacieuse… voire habilement orchestrée. Voici ce qu’il faut comprendre de ce dossier explosif qui mêle régulation, spéculation et crypto.
Un krach déclenché par un malentendu réglementaire
Les marchés ont brutalement réagi au dépôt par Sharplink Gaming d’un Formulaire S-3 auprès de la SEC, permettant la revente potentielle de près de 58,7 millions d’actions ordinaires. Le titre a alors chuté de 73 %, passant de 32,53 $ à moins de 8 $, avant de se stabiliser autour de 10,55 $. Cette réaction violente s’explique par une interprétation erronée du document, comme l’a précisé Joseph Lubin, président de Sharplink Gaming et PDG de Consensys : « Certains interprètent mal ce dépôt. Il s’agit simplement d’un enregistrement pour une revente potentielle, et non d’une vente effective. C’est une procédure standard dans la finance traditionnelle. »
En clair, aucune action n’a été vendue à ce stade, ni par Lubin, ni par Consensys, qui a pourtant mené récemment un tour de financement de 425 millions $ pour soutenir la stratégie Ethereum de Sharplink. Matt Corva, avocat général de Consensys, a confirmé que ce dépôt « ne reflète la vente de personne ». Il précise même que la nouvelle n’est « pas une révélation », car l’intention de vendre jusqu’à 1 milliard $ d’actions avait été annoncée dès le 30 mai.
Une stratégie crypto à un milliard de dollars en embuscade
En toile de fond de cette tourmente boursière : l’ambitieux virage crypto de Sharplink, qui a annoncé vouloir adopter une stratégie de trésorerie basée sur Ethereum. L’entreprise prévoit de consacrer la majorité des fonds issus de la vente d’actions à l’achat d’ETH, dans ce qui pourrait devenir l’un des plus gros achats institutionnels d’ether jamais enregistrés sur les marchés publics.
Une déclaration de Charles Allen, PDG de BTCS Inc., illustre la tension actuelle : « Ce genre de dépôt crée un dilemme du prisonnier : tout le monde veut vendre avant les autres — c’est une course vers le bas. » Toutefois, Allen laisse entendre que Sharplink pourrait retourner la situation à son avantage : « Une annonce surprise demain concernant l’achat de 1 milliard de dollars d’ETH pourrait tout renverser. Ils ont peut-être joué leurs cartes de façon brillante. »
L'hypothèse d’une telle annonce, attendue par certains dès les prochaines heures, pourrait effectivement raviver l’intérêt des investisseurs et faire rebondir le cours de l’action. Si la stratégie se concrétise, elle marquera une nouvelle étape dans l’institutionnalisation de l’ether comme actif de réserve, mais expose aussi Sharplink à une forte volatilité du marché crypto. Reste à savoir si le timing choisi relève du hasard, ou d’une orchestration millimétrée.