Circle veut renforcer son ancrage dans le système financier américain. L’émetteur du stablecoin USDC vient de déposer une demande officielle auprès de l’OCC pour créer une banque de confiance nationale. Une initiative stratégique à l’heure où la régulation des stablecoins prend une tournure décisive aux États-Unis.

Circle vise une charte bancaire pour superviser ses réserves USDC

Ce 1ᵉʳ juillet, Circle a annoncé avoir déposé une demande de charte bancaire auprès de l’Office of the Comptroller of the Currency (OCC) pour établir une banque de confiance nationale. Si elle est approuvée, cette entité baptisée First National Digital Currency Bank serait habilitée à fonctionner sous supervision fédérale. Elle aurait pour mission principale de gérer les réserves en dollars qui garantissent l’USDC, le stablecoin émis par Circle via son entité américaine.

Pour Ryan Lee, Chief Analyst chez Bitget Research, cette demande « marque un tournant décisif pour l’USDC et, plus largement, pour le marché crypto », car une supervision directe par l’OCC « alignerait l’USDC sur les standards bancaires traditionnels et renforcerait sa crédibilité auprès des acteurs institutionnels ».

Jeremy Allaire, PDG et cofondateur de Circle, a affirmé que ce projet s’inscrit dans une volonté d’anticiper les futures exigences réglementaires. « Nous prenons des mesures proactives pour renforcer l’infrastructure de l’USDC et nous aligner avec la régulation émergente sur les stablecoins libellés en dollars », a‑t‑il déclaré.

Selon Circle, la charte permettrait également à la banque de fournir des services de garde d’actifs numériques à destination des clients institutionnels, tout en consolidant l’architecture qui sous‑tend l’émission et la circulation de l’USDC.

Un cadre réglementaire renforcé dans la ligne de mire

En sollicitant cette charte bancaire, Circle entend se positionner favorablement vis‑à‑vis du GENIUS Act, récemment adopté par le Sénat américain le 17 juin. Ryan Lee souligne que la démarche « renforce la transparence, alors même que le GENIUS Act impose des rapports mensuels sur les réserves ». Selon lui, la décision de Circle d’assurer elle‑même la garde de ces réserves « optimise l’efficacité opérationnelle tout en répondant aux exigences réglementaires ».

Une fois autorisée, la banque de Circle opérerait sous le régime fédéral, évitant ainsi la nécessité d’obtenir des licences État par État. Comme l’a rappelé le cabinet Davis Wright Tremaine, les banques de confiance nationales peuvent proposer des services de garde et opérer à l’échelle nationale, mais elles ne peuvent ni accepter de dépôts en espèces ni accorder de prêts. Lee note d’ailleurs que cette charte « ouvrira la porte aux services de garde pour des actifs tokenisés, un pont attendu entre la finance traditionnelle et l’infrastructure DeFi ».

Circle n’est pas seul sur ce créneau. D’autres entreprises crypto, dont une branche de Fidelity, seraient elles aussi en train de constituer des dossiers pour obtenir une licence bancaire fédérale, selon Eleanor Terrett, journaliste spécialisée et animatrice du podcast Crypto in America.

Anchorage Digital Bank a ouvert la voie en janvier 2021, devenant la première plateforme crypto à obtenir une charte bancaire nationale auprès de l’OCC. Depuis, le modèle suscite l’intérêt croissant du secteur, dans un contexte réglementaire de plus en plus structuré.

Avec cette demande de charte bancaire, Circle franchit un cap dans sa quête de légitimité institutionnelle. En s’alignant sur les standards bancaires fédéraux, l’émetteur de l’USDC cherche à sécuriser son avenir face aux évolutions réglementaires, tout en anticipant les nouvelles obligations prévues par le GENIUS Act.

Comme le résume Ryan Lee, « la clarté réglementaire et la maturité opérationnelle qui en découlent devraient accélérer les flux de capitaux et faire de l’USDC un dollar numérique de référence pour les institutionnels ». Cette initiative pourrait ouvrir la voie à une nouvelle vague de banques crypto régulées aux États‑Unis. Reste à savoir si l’OCC donnera son feu vert dans les 120 jours, à l’issue du délai d’examen prévu.