Le scandale du token Libra sera examiné par la Cour suprême de New York après le dépôt d’un recours collectif accusant ses créateurs d’avoir trompé les investisseurs et détourné plus de 100 millions de dollars depuis des pools de liquidité unilatéraux.
Le cabinet Burwick Law a intenté une action en justice le 17 mars contre Kelsier Ventures, KIP Protocol et Meteora. Il leur reproche d’avoir lancé le token Libra (LIBRA) de manière « trompeuse, manipulatrice et fondamentalement injuste ». Ce token avait été promu sur X par le président argentin Javier Milei comme une initiative économique destinée à stimuler le financement du secteur privé dans le pays.
Le cabinet accuse les deux sociétés de crypto-infrastructure et de lancement de tokens, KIP et Meteora, d’avoir mis en place un pool de liquidité unilatéral « prédateur » pour gonfler artificiellement le prix du memecoin. Cette manipulation aurait permis aux initiés de réaliser d’importants bénéfices, tandis que les investisseurs particuliers ont subi des pertes.
En quelques heures, les initiés auraient « siphonné environ 107 millions de dollars des pools de liquidité », entraînant un effondrement de 94 % de la valeur de marché du LIBRA, selon le dépôt de plainte du 17 mars partagé sur X par Burwick Law.
Source: Burwick Law
Le président Milei a été mentionné dans le procès mais n'a pas été désigné comme défendeur.
Burwick accuse les parties impliquées d’avoir exploité l’influence de Milei pour promouvoir agressivement le token. Cette campagne aurait créé une illusion de légitimité et trompé les investisseurs sur le potentiel économique du projet.
Environ 85 % des tokens LIBRA auraient été retenus au moment du lancement. De plus, les techniques d’infrastructure jugées « prédatrices » n’auraient pas été divulguées aux investisseurs, selon Burwick.
« Ces pratiques, combinées aux omissions sur la véritable structure de liquidité, ont privé les investisseurs d’informations essentielles »
Burwick réclame des dommages-intérêts compensatoires et punitifs, la restitution des bénéfices « injustement obtenus » ainsi que des mesures judiciaires pour empêcher d’autres émissions frauduleuses de tokens.
Cointelegraph a tenté de contacter KIP Protocol et Meteora, mais n’a pas reçu de réponse immédiate.
Selon la société d’analyse blockchain Nansen, sur les 15 430 plus gros portefeuilles détenant du LIBRA, plus de 86 % ont vendu à perte, pour un total cumulé de 251 millions de dollars de pertes.
À l’inverse, seuls 2 101 portefeuilles ont pu générer un bénéfice, pour un total combiné de 180 millions de dollars, selon un rapport de Nansen publié le 19 février.
Le fonds de capital-risque derrière le token LIBRA, Kelsier Ventures, ainsi que son PDG, Hayden Davis, figureraient parmi les plus grands bénéficiaires de cette opération. Ils affirment avoir empoché environ 100 millions de dollars.
Davis, qui pourrait faire l’objet d’un avis de recherche d’Interpol après la plainte d’un avocat argentin, a déclaré le 17 février qu’il ne possédait pas directement les tokens et qu’il ne les revendrait pas.
De son côté, Milei prend ses distances avec le memecoin. Il affirme ne pas avoir « promu » le token LIBRA, contrairement à ce que prétendent les plaintes pour fraude déposées contre lui, et dit simplement avoir « relayé » l’information à son sujet.
L’opposition en Argentine a demandé sa destitution, mais ces tentatives n’ont pour l’instant pas abouti