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Bitcoin : Les bitcoiners appellent à l'adoption de la mise à niveau BIP-360 face à la menace quantique

L’utilisation de Taproot sur Bitcoin recule, un signal qui alimente des inquiétudes plus larges autour de l’avenir du réseau face au quantique, alors que les principaux cryptographes accélèrent leurs travaux pour répondre à cette menace à l’horizon 2026.

Bitcoin : Les bitcoiners appellent à l'adoption de la mise à niveau BIP-360 face à la menace quantique
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Un groupe encore restreint mais en expansion de défenseurs de Bitcoin et de gestionnaires de fonds crypto appelle le réseau à accélérer le développement de signatures résistantes au quantique. Selon eux, la simple perception d’une future « menace quantique » pourrait devenir un risque de marché bien avant qu’elle ne se matérialise concrètement.

Certains de ces partisans mettent en avant un projet de Bitcoin Improvement Proposal, connu sous le nom de BIP-360, qui introduirait une option de signature post-quantique pour les adresses Bitcoin susceptibles d’être exposées aux progrès futurs de l’informatique quantique.

Selon Charles Edwards, fondateur du fonds quantitatif Bitcoin et d’actifs numériques Capriole, cette implémentation doit être finalisée et déployée d’ici 2026.

Toutefois, l’adoption de ce nouveau standard nécessiterait un large consensus entre les fabricants de hardware wallets, les opérateurs de nœuds et les plateformes d’échange, a précisé Capriole dans une publication sur X jeudi. Charles Edwards estime qu’« entre 20 % et 30 % des bitcoins pourraient être capturés par un pirate quantique dans les prochaines années ». Il ajoute : « Je pense que tous les bitcoins qui n’auront pas migré vers BIP-360 d’ici 2028 devraient être brûlés. »

Source: Charles Edwards

Bitcoin company leaders mock quantum urgency’s threat to Bitcoin

Des dirigeants de l’écosystème Bitcoin relativisent l’urgence quantique

À l’inverse, plusieurs observateurs du secteur estiment que l’informatique quantique représente surtout un risque théorique à court terme pour le prix du bitcoin, plutôt qu’une menace technique imminente.

« Petit conseil aux promoteurs du FUD quantique : Bitcoin n’utilise pas de chiffrement. Revoyez vos bases, sinon cela se voit immédiatement », a écrit Adam Back, cofondateur et PDG de Blockstream, et inventeur de Hashcash, dans un message publié jeudi sur X. Il rappelle que la menace quantique reste, selon lui, « à des décennies ».

Samson Mow, PDG de la société technologique Bitcoin Jan3, a lui aussi tourné en dérision l’idée selon laquelle l’informatique quantique actuelle pourrait menacer le réseau Bitcoin.

« Les ordinateurs quantiques ne savent même pas factoriser 21, et pourtant certains paniquent et vendent en pensant que cela va tuer Bitcoin », a-t-il écrit mercredi sur X.

Questions autour de Taproot et propositions concurrentes

Le format Taproot de Bitcoin, considéré par certains comme vulnérable au quantique, voit son usage reculer. Sa part est passée de 42 % des transactions en 2024 à environ 20 %, un signal interprété par certains comme une inquiétude croissante des utilisateurs face au risque quantique.

Source: Willy Woo

« Je n’ai JAMAIS vu un nouveau format perdre de l’adoption auparavant. Taproot est vulnérable au quantique, contrairement à SegWit et Legacy », a écrit l’analyste Bitcoin Willy Woo dans un message publié mercredi sur X.

Il n’existe toutefois aucune preuve directe reliant ce recul de Taproot à des craintes liées à l’informatique quantique. Son adoption varie aussi en fonction de facteurs tels que les pratiques des plateformes d’échange, l’optimisation des frais, le support des wallets ou encore les stratégies de transactions groupées.

Taproot reste néanmoins la mise à jour la plus importante de Bitcoin depuis l’activation de Segregated Witness (SegWit) en 2017. Elle visait principalement à améliorer la confidentialité et l’efficacité du réseau.

De leur côté, plusieurs chercheurs en cryptographie estiment que Taproot est déjà résistant au quantique. « Taproot, lorsqu’il est limité aux script-path spends, est post-quantum secure », écrit Tim Ruffing, cryptographe chez Blockstream Research, dans un article de recherche publié le 17 juillet.

« Un attaquant quantique ne peut pas inspecter l’intérieur d’une sortie Taproot : il n’apprend rien sur la racine de Merkle tant qu’elle n’est pas révélée », précise l’étude.

Parallèlement, Adam Back a proposé un nouveau schéma de signatures basées sur des fonctions de hachage comme alternative post-quantique crédible pour Bitcoin. Ce modèle repose uniquement sur des hypothèses de sécurité liées aux fonctions de hash, déjà au cœur de l’architecture du réseau Bitcoin.

Hash-based signature schemes for Bitcoin, étude de recherche — Source : Blockstream Research

Selon l’étude publiée par Blockstream Research le 5 décembre, ces schémas de signatures basées sur le hash « offrent une voie prometteuse pour sécuriser Bitcoin dans un monde post-quantique », en remplacement quantique-safe des signatures ECDSA et Schnorr.

L’algorithme ECDSA repose sur la cryptographie des courbes elliptiques pour vérifier l’authenticité et l’intégrité d’un message. Les signatures Schnorr constituent un autre schéma apprécié pour leurs gains en confidentialité et en efficacité, notamment grâce à leur capacité à agréger plusieurs signatures en une seule.