Une fracture inattendue se dessine au sein de sa communauté Bitcoin : certains vétérans du réseau semblent douter. Une déclaration virale publiée sur X a mis le feu aux poudres ce week-end : les pionniers les plus fervents auraient « perdu la foi » et se délesteraient discrètement de leurs bitcoins (BTC). Cette affirmation, signée Scott Melker alias The Wolf of All Streets, a immédiatement divisé les acteurs du secteur. À l’heure où les institutions financières prennent d’assaut le marché, faut-il y voir une trahison de l’idéal cypherpunk ou une simple évolution logique de l'écosystème ?

Quand les OG tournent le dos au bitcoin ?

Samedi dernier, Scott Melker a déclenché sur X une tempête médiatique au sein de la communauté Bitcoin. « Beaucoup des premières baleines les plus ferventes ont vu leur foi ébranlée et vendent à ces niveaux de prix », a-t-il affirmé. Selon lui, l’institutionnalisation progressive de Bitcoin aurait trahi les fondements idéologiques du protocole. Il déplore que « Bitcoin, aussi incroyable soit-il, ait été coopté dans une certaine mesure par ceux-là mêmes contre qui il avait été conçu comme rempart. » Cette lecture pessimiste de la situation semble pointer une forme de résignation idéologique chez certains vétérans.

Dans les faits, plusieurs figures majeures de l’écosystème ont récemment confirmé avoir réduit leur exposition au BTC. L’analyste Willy Woo, par exemple, a expliqué avoir vendu une large partie de ses avoirs pour financer des projets d’infrastructure Bitcoin, estimant que ce choix offrirait de meilleurs rendements. Autre cas emblématique : PlanB, célèbre pour son modèle Stock-to-Flow, a révélé dès février être passé aux ETF Bitcoin au comptant, citant la simplicité de gestion comme principal motif.

Adoption institutionnelle : fatalité ou stratégie gagnante ?

La prise de position de Melker n’a pas manqué de faire réagir d’autres figures influentes du secteur. Mike Alfred, fondateur d’Alpine Fox, a directement contesté cette lecture des faits : « Les gens prennent des décisions personnelles pour vendre tout ou partie de leurs bitcoins, et cela n’a rien à voir avec l’actif ou le protocole », a-t-il répondu. Pour lui, réduire ces ventes à une perte de foi serait une simplification abusive. D’autres, comme Dave Weisberger, y voient même une étape nécessaire vers une adoption globale.

Ce point de vue est d’ailleurs soutenu par une frange croissante des acteurs du secteur. L’analyste Crypto Mags rappelle que Bitcoin est par nature inclusif : « le bitcoin est pour tout le monde. Cela INCLUT les ennemis, les gouvernements et Wall Street. » De son côté, Matt Hougan tente une synthèse plus nuancée : s’il comprend les craintes des vétérans, il insiste sur le fait que le bitcoin reste « révolutionnaire », car il représente « la première monnaie mondiale fondée non sur l’État ou la violence, mais sur la logique et la communauté. »

Ces divergences de perception soulignent une réalité inconfortable : le bitcoin entre dans une nouvelle phase de son cycle de vie. Si certains vétérans y voient une trahison, d'autres estiment qu'il s'agit d'une condition sine qua non pour sa pérennité. L’idée d’un bitcoin apolitique semble s’effriter, et avec elle l’unité idéologique de sa base historique. Le réseau reste intact, mais la communauté, elle, change.