Alors que le monde vacille sous les coups de tensions géopolitiques et d’une inflation persistante, une anomalie attire l'attention des analystes : le cours du bitcoin (BTC) monte. Contre toute logique apparente, la première crypto au monde défie les scénarios pessimistes, portée par un afflux massif de capitaux et une confiance retrouvée des marchés. Comment expliquer cette résilience face aux vents contraires ? Quelles forces alimentent cette ascension à contre-courant ?

Des signaux haussiers malgré la tempête

Lundi, le bitcoin a récupéré le seuil des 108 000 $, après avoir brièvement retesté les 104 000 $ pendant le week-end. Ce rebond survient dans un contexte géopolitique explosif au Moyen-Orient et alors même que les attentes de baisse de taux par la Fed se dissipent. Ce même jour, la société Strategy a annoncé un achat supplémentaire d’une valeur de 1,05 milliard de dollars, dissipant en partie les craintes liées à une éventuelle récession et aux effets de la crise énergétique déclenchée par l’implication de l’Iran, producteur majeur de pétrole.

Du côté des produits dérivés, les signaux sont clairs. La prime annualisée des contrats à terme sur le bitcoin sur 30 jours s’établit à 5 %, soit le niveau de base d’un marché considéré comme neutre. Cette stabilité est d’autant plus notable que le marché n’a presque pas bronché lors de la chute à 101 000 $ le 5 juin. Cette chute témoigne d’un apaisement des craintes baissières et d’une demande réduite pour les options de couverture.

Des menaces encore présentes et des obstacles techniques

Si la dynamique haussière impressionne, le chemin vers les 112 000 $, seuil historique atteint le 22 mai, pourrait ne pas être linéaire. Plusieurs analystes pointent des risques sous-jacents. Philippe Gijsels, directeur de la stratégie chez BNP Paribas Fortis, alerte sur les conséquences potentielles d’une aggravation de la crise au Moyen-Orient. La flambée des prix de l’énergie, avec un baril de WTI monté jusqu’à 78 $ dimanche avant de redescendre à 71,50 $ lundi, constitue une variable à surveiller de près.

Par ailleurs, la perspective d’un maintien des taux élevés par la Fed pèse comme une chape de plomb sur les actifs à risque. Le CME FedWatch Tool indique désormais une probabilité de 63 % que les taux restent à 4 % ou plus d’ici novembre, contre 56 % il y a un mois. Ce durcissement du contexte macroéconomique, couplé à des tensions persistantes autour des politiques commerciales américaines pourrait freiner les ardeurs du bitcoin.

Malgré ces incertitudes, le bitcoin évolue actuellement à seulement 4 % en dessous de son ATH. Les métriques restent neutres, les flux entrants soutenus, et les ventes de panique ont été évités. Mais cette solidité apparente ne garantit rien. La suite dépendra de deux catalyseurs majeurs : l'évolution du conflit iranien et la direction que prendra la politique monétaire américaine dans les mois à venir.