Face à l’ouragan Melissa, qui continue de dévaster la région, les Jamaïcains se tournent massivement vers Bitchat, l’application de messagerie pair-à-pair décentralisée de Jack Dorsey.
Basée sur un réseau Bluetooth maillé permettant une communication chiffrée sans connexion internet, Bitchat est désormais la deuxième application la plus téléchargée sur l’App Store de Apple et le Google Play Store en Jamaïque. Elle constitue une bouée de sauvetage pour près de 2,8 millions de personnes, alors que les pannes d’internet se multiplient dans la région.
Seule la plateforme météo Zoom Earth devance Bitchat dans le classement, signe que les deux besoins les plus urgents des Jamaïcains aujourd’hui sont s’informer sur la météo et communiquer entre eux.
Selon un rapport de CNN, l’ouragan Melissa a déjà fait plus de 30 morts dans les Caraïbes, dont au moins 23 en Haïti, et détruit de nombreuses habitations et entreprises.
Jusqu’à récemment, l’adoption des applications de messagerie décentralisées et chiffrées provenait surtout d’utilisateurs cherchant à quitter les plateformes centralisées susceptibles de censurer des contenus ou d’imposer des restrictions.
Mais désormais, Bitchat s’impose comme un outil vital dans les pays où l’accès à Internet est perturbé, que ce soit à cause de l’ingérence gouvernementale ou de catastrophes naturelles.
En septembre, les téléchargements de Bitchat ont grimpé au Népal, après des scandales de corruption et l’interdiction des réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram, WhatsApp et YouTube, une mesure qui avait déclenché d’importantes manifestations. Une hausse similaire avait été observée une semaine plus tôt en Indonésie, également dans un contexte de protestations.
Plus tard dans le mois, la même situation s’est reproduite à Madagascar, où des manifestations ont éclaté à cause des coupures d’eau et d’électricité.
Parallèlement, l’Union européenne étudie actuellement une proposition de loi controversée baptisée “Chat Control”, qui viserait à supprimer le chiffrement des messageries. Elle obligerait des applications comme Telegram, WhatsApp ou Signal à permettre aux régulateurs de scanner les messages avant leur envoi.
Ce projet de loi, censé faciliter la détection de contenus pédopornographiques, s’approchait de l’adoption en octobre, avant que l’Allemagne ne s’y oppose, jugeant que le scan des messages privés violait la Constitution.
Le vote a donc été reporté, et une nouvelle session est prévue pour début décembre.