Le président argentin Javier Milei n'a manqué à aucune de ses obligations présidentielles lorsqu'il a fait la promotion du memecoin Libra, a déclaré l'Office national de lutte contre la corruption dans une décision récente.
Dans une résolution datée du 5 juin, l’institution a conclu que Milei agissait à titre privé lorsqu’il a recommandé le token LIBRA (LIBRA) dans un message publié sur X le 14 février. Par conséquent, il n’a pas violé les lois fédérales argentines relatives à l’éthique des agents publics.
Cette décision est importante, car le soutien public de Milei aurait entraîné des pertes estimées à 251 millions de dollars pour les investisseurs. Ce scandale avait poussé l’opposition à réclamer sa destitution.
Après le message de Milei sur X, le token LIBRA avait brièvement atteint une capitalisation de 4 milliards de dollars avant de s’effondrer de près de 94 % en quelques heures, illustrant les mécanismes typiques d’un "pump and dump" dans l’univers crypto.
Milei s’exprimait à titre privé, précise le régulateur
Selon l’Office anticorruption, aucun moyen public n’a été utilisé dans cette affaire. L’organisme souligne aussi que Milei partage ses opinions personnelles sur X depuis 2015, bien avant son arrivée au pouvoir.
« Même si le compte fait parfois référence à des politiques publiques ou à des décisions de son gouvernement, il le fait de manière non institutionnelle, en tant que plateforme d’expression politique et personnelle », peut-on lire dans le document officiel, traduit de l’espagnol.
« Ces caractéristiques d’un compte personnel sur le réseau X sont typiques de tout citoyen exprimant publiquement ses idées politiques », ajoute l’Office. Il rappelle également que Milei exerçait ses droits civils et politiques garantis par la Constitution argentine.
Milei a toujours nié avoir promu le memecoin LIBRA, affirmant qu’il s’était contenté d’en « parler » publiquement, sans inciter à l’achat.
Malgré la décision du Bureau anticorruption, une enquête pénale est toujours en cours devant un tribunal fédéral pour examiner plus en détail son rôle éventuel dans cette affaire.
Une task force dissoute sans sanction
Le 19 mai, Milei a signé un décret mettant fin au groupe de travail créé pour enquêter sur le scandale LIBRA. Aucune mesure n’a été prise à l’encontre de Milei, ni d’aucun autre responsable impliqué de près ou de loin.
Mais plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer une absence d’enquête sérieuse dès le départ.
« Ça a toujours été une mascarade. Ils n’ont jamais osé creuser quoi que ce soit. Ils se protègent entre eux, car ils sont jusqu’au cou dans cette affaire », a accusé l’économiste et député Itai Hagman dans un message posté sur X le 20 mai.
Une image présidentielle écornée
D’après les données de la plateforme de sondage Zuban Córdoba, publiées en mars, l’affaire LIBRA a nui à l’image de Milei et à la confiance accordée à sa gestion nationale.
L’approbation de la gestion présidentielle est passée de 47,3 % en novembre à 41,6 % en mars. Ces chiffres proviennent d’un sondage auprès de 1 600 personnes interrogées sur leur confiance envers Milei après le scandale.