En 2025, les actifs traditionnels s'invitent en force sur la blockchain. De la dette souveraine à l'immobilier en passant par les crédits carbone, la tokenisation des Real-World Assets (RWA) bouleverse l'accès aux marchés financiers et redéfinit les usages de la technologie blockchain.
Les titres du Trésor tokenisés en tête d’un marché en pleine explosion
La tokenisation des actifs réels ne relève plus de la prospective. En 2025, elle s’impose comme une réalité incontournable, avec une capitalisation estimée à 33 milliards de dollars pour l’ensemble des RWA sur blockchain. Ce chiffre reflète un engouement institutionnel croissant pour cette nouvelle classe d’actifs numériques adossés au monde tangible.
Parmi les segments les plus dynamiques, les titres du Trésor tokenisés se démarquent. Ces obligations d’État, en particulier les bons du Trésor américains, ont vu leur valeur numérisée grimper à 5,6 milliards de dollars en avril 2025, soit une progression annuelle de +544,8 %. Cette envolée s'explique par l’attrait pour des placements sécurisés, combiné à une infrastructure blockchain qui réduit les frictions de détention, de règlement et de liquidité.
Selon Ignacio Aguirre, directeur marketing chez Bitget, les titres du Trésor tokenisés s’imposent comme une alternative à faible risque et à rendement attractif, alors que les stablecoins à rendement intégré émergent comme de véritables dollars numériques programmables. Il souligne que cette dynamique n’est pas portée par la spéculation, mais par une demande institutionnelle croissante de rendements sûrs et de liquidité on-chain.
L’immobilier s’impose comme un autre pilier stratégique. En rendant possible la fractionnalisation des propriétés, la blockchain permet aux investisseurs d’acquérir des parts d’immeubles ou de biens commerciaux avec un ticket d’entrée réduit. Cette évolution contribue à démocratiser l’accès à une classe d’actifs historiquement réservée à une élite financière.
Stablecoins et ESG : Vers une finance tokenisée intégrée
Si les obligations d’État et l’immobilier dominent, d’autres cas d’usage témoignent de l’ampleur de la transformation en cours. Le crédit privé entre désormais dans l’ère numérique, via des obligations et prêts tokenisés. Cette innovation facilite la distribution de produits financiers complexes auprès d’investisseurs plus diversifiés tout en assurant une meilleure transparence.
La tokenisation touche également le secteur des commodités et de la finance durable. Des métaux précieux comme l’or sont représentés sous forme de tokens, offrant une alternative numérique aux actifs refuges classiques. Par ailleurs, l’arrivée des crédits carbone tokenisés ouvre la voie à de nouveaux outils de traçabilité et de compensation pour les entreprises soucieuses de leur impact environnemental.
La montée en puissance des stablecoins adossés à des actifs réels constitue un second axe majeur de cette évolution. Pour Ignacio Aguirre, ces instruments favorisent une adoption plus large de la blockchain tout en renforçant l’innovation financière. L’entrée en vigueur du GENIUS Act, qui clarifie le cadre fédéral pour l’émission de stablecoins, ouvre désormais la voie à une intégration plus profonde des actifs tokenisés dans les systèmes financiers classiques.
À plus long terme, l’émission de stablecoins par de grandes banques américaines pourrait accroître la liquidité mondiale, renforcer l’interopérabilité DeFi et élargir l’usage de la blockchain à des domaines tels que les paiements, le financement du commerce ou encore le règlement interbancaire. Si les risques liés à la coordination réglementaire et à la robustesse opérationnelle ne sont pas totalement levés, ils semblent s’atténuer à mesure que l’écosystème gagne en maturité.
En 2025, les analystes recommandent de suivre trois indicateurs clés pour évaluer cette transformation : les volumes de règlements en stablecoins, la croissance du marché des RWA et les flux de liquidité vers les titres du Trésor tokenisés.
L’essor des actifs réels tokenisés engage une redéfinition profonde de la finance. Entre gains de liquidité, fractionnalisation, automatisation des transactions et intégration de standards ESG, les opportunités sont multiples. Reste à observer comment les régulateurs, les institutions et les plateformes vont structurer ce marché en plein essor pour en garantir la sécurité, la conformité et l’accessibilité à long terme.